Tout fout le camp ma pauvre dame


La vie est ainsi faite qu’il faut des bases pour ne pas partir en live face aux événements de tous les jours. Les règles sont là, édictées au fil des années, polies par les ans, modifiées à l’aune des mentalités. Pourtant parfois on ne comprend plus ce qui se passe. Il suffit souvent de pas grand-chose, même pas une règle mais une simple habitude, pour que tout change, tout se mêle.
Prenez la coupe du monde de rugby, on s’attendait à des « Flowers of Scotland » l’hymne écossais, chanté à tue-tête, le son d’une cornemuse en toile de fond. Un seul bag pipe aurait suffit. Ce ne sera possible simplement qu’aux heures indiquées par le protocole, et encore. Explication : la cornemuse tout comme les tambours, les cornes de brumes, et les vuvuzelas,  est interdite dans le stade grand-breton à l’occasion de la World Cup. Que l’on veuille améliorer la santé publique, et donc son coût, par la diminution des problèmes auditifs chez les supporters de rugby est une chose. Que l’on chasse les traditions pour sonoriser des « olé » façon corrida les enceintes de l’ovale ça le fait pas. Comme si le haka néo-zélandais se pratiquait comme une zumba,  sur une musique de David Guetta, et celui des Samoa sur du Daft Punk  ! De telles pratiques sont une incitation à une footballisation d’un sport qui n’a pas besoin de cela pour perdre, au fil des contrats des joueurs et de leurs professionnalisations, ses valeurs éducatives. Certes, on ne va pas prôner les qualités d’une hygiène de vie qui conduit à la troisième mi-temps, mais quand même … refaire le monde qu’il soit rond, oblong, carré ou hexagonal, c’est tout de même autrement plus sympathique à une heure avancée de la nuit, avec ou sans alcool, entre amis assurément,  et de vive voix … sans internet, facebook ou instagram ! Et pendant ce temps-là on pleure la fermeture du lieu d’assemblée le plus populaire de nos villes et villages: le  bistrot. Manquerait plus que le Japon prenne le meilleur sur l’ancien champion du monde Sud-Africain …
Prenez un constructeur automobile, style Volkswagen. Si ce n’est pas de la robustesse allemande ça madame. Et bien, paraît que les instances de la marque si fiable, si performante, si plus fort que moi tu meurs, auraient planqué un outil pour trafiquer les résultats anti-pollution de certains modèles. Plusieurs millions de voitures trafiquées directement sur la chaîne de fabrication, on reconnaît bien là l’organisation allemande. Que ce soit les Américains qui aient découvert le pot aux roses est une bonne blague, certes. Ce n’est tout de même pas eux qui oseraient polluer la planète au profit de leur économie. Que nenni ! Manquerait plus que les Roumains construisent, pour un grand groupe automobile français, des voitures moins chères pour le marché européen, voir Hexagonal.
Prenez nos gens du gouvernement de maintenant. Notre François qui est comme nous, Vally et ses potes, ont été élus sous une étiquette d’un parti dénommé Socialiste. Pour beaucoup c’était avec un programme de la vraie Gauche. Pour d’autres c’était tout juste à la gauche du Centre. Ceux qui se sont trompés ont été déçus, pas les autres. Cependant, le premier ministre, en visite à une fête de la Rose de ce dernier week-end a expliqué qu’on était là dans un programme de Social-réformateurs. On avance à petits pas mais la dénomination de Centre-Gauche n’est plus très loin. Manquerait plus que la Droite gagne les élections régionales avec un programme ultra-libéral.
Prenez les Travaillistes Anglais. Ils croyaient être devenus quasiment centristes avec la présidence de Tony Blair. A la suite d’un Tony du tonnerre, ils s’étaient plongés dans les délices d’une économie d’un marché britannique redevenu positif. A l’époque, on avait même fait, un peu, des réformes sociales. C’est dire ! Son successeur, Gordon Brown, avait planté le sujet au printemps dernier. Résultat, les dernières élections au sein du parti ont porté Jérémy Corbyn, un gauchiste extrémiste si on considère que Michel Sapin ou Claude Bartolone sont de gauche, à la tête du Labour Party. L’un des plus grands contradicteurs des deux anciens occupants du 10 de Downing Street à la baguette, ça va chauffer dans les chaumières. La conduite est toujours à gauche mais, cette fois, le virage aussi. Manquerait plus que les Grecs placent Aléxis Tsipras et son parti Syriza aux commandes du parlement hellénique.
Prenez Sarko, Jujube (celui de Bordeaux pas de Vaillant, la BD), Fifi, le promoteur des rillettes du Mans, et consorts, ils sont tous ensemble, tous ensemble, pour les meetings. Ils ont oublié, en commun, le foutoir  économique de leur dernière campagne présidentielle, tout comme les derniers bilans des finances de l’état. La suppression des dotations d’état ce n’est pas eux, c’est les autres. Que l’on ait des soucis de chronologie est indéniable du côté de cette Droite, dite classique. Pourtant ils sont tous bien jeunes pour avoir autant de problème d’Alzheimer. C’est inquiétant pour notre avenir, surtout que, dans quelques mois, ils ne seront plus tous ensemble, tous ensemble, mais seul, chacun de leurs côtés contre tous.. Manquerait plus que Jef, coupé de tous ses meilleurs amis-ennemis, se retrouve confronté à un dilemme et explique que «les migrants ne viennent pas en France pour notre régime de sécurité sociale.»
Manquerait plus que Michalack passe les 400 points en sélection nationale et que Dusautoir soulève la coupe du monde de rugby sur les Champs Élysées. On me dit dans l’oreillette que pour le premier c’est possible. Pour le second …
Fabrice Simoes