La vie ne s’arrête pas après la perte d’une élection : Jean-Louis Camus en est la preuve


Portait

Elu conseiller général depuis 1985, Jean-Louis Camus a été l’une des victimes du redécoupage cantonal. Qu’est-il devenu?

Depuis 1985 date de sa prise de pouvoir sur le canton de Mezières-en-Brenne, dont il était devenu maire en 1983, Jean-Louis Camus était régulièrement réélu au premier tour. Son élimination en 2015 constitua une demi surprise. Le nouveau découpage rassemblait les cantons de Mézières, Tournon Saint-Martin et Le Blanc. Les élus des trois cantons se retrouvèrent sur la ligne de départ. Ils obtinrent chacun la majorité dans leur fief, mais au total Jean-Louis Camus ne se retrouva qu’en quatrième position derrière Alain Pasquer (PS), Gerard Blondeau, son collègue de la majorité départementale et même derrière le FN. Jean-Louis Camus se désista pour Gérard Blondeau qui parvint à s’imposer au second tour pour devenir conseiller départemental, associé à Françoise Perrot.

Une grosse déception pour ce fidèle de Louis Pinton qui n’avait pu obtenir que ce dernier tranche en sa faveur pour l’imposer comme candidat unique de la majorité départementale.

« J’avais passé trente ans à m’occuper des routes, alors qu’à mon arrivée au conseil général je rêvais d’être chargé du tourisme. En autochtone brennou, je pensais et je pense toujours que le développement touristique est un atout essentiel de ma région, et j’ai travaillé en ce sens au parc de la Brenne. Mais à cette époque Daniel Bernardet en a décidé autrement. »

Président du conseil général en 1985 Daniel Bernardet avait choisi d’utiliser les compétences de ce conducteur de travaux publics pour moderniser le réseau routier. « A l’époque on voyait immédiatement la différence lorsqu’on quittait l’Indre pour entrer dans la Vienne ou l‘Indre-et-Loire. Trente ans plus tard nos voisins nous envient la qualité de notre réseau. Des résultats qui tiennent à l’organisation, avec un programme routier quinquennal (pour éviter les interventions des élus qui désorganisaient les plannings ) et aux hommes avec un directeur des routes qui a fait un boulot exceptionnel. En trente ans on est passé de l’adduction d’eau au démarrage de la fibre optique qui est à mon avis la chance du monde rural. »

« Il faut passer à autre chose »

Tout cela c’était avant 2015. Comment surmonte-t-on une telle déception lorsqu’on est un homme actif ?

« Il ne s’agit pas de s’apitoyer sur son cas, mais passer à autre chose. Je préside le syndicat d’électricité jusqu’en 2020. Je n’y siégeais pas en qualité de conseiller général mais en tant qu’élu de mes collègues maires. Un syndicat que l’on a mis près de dix ans à départementaliser en rassemblant les syndicats locaux. Il emploie désormais vingt-trois collaborateurs et a étendu sa compétence première qui concernait l’achat d’électricité. On est passé à l’éclairage public au conseil en énergie partagée, et à l’installation des bornes pour recharger les voitures électriques. Je parcours le département en Zoé désormais. Avec des mises aux normes et la modernisation de l’éclairage public un maire peut économiser 70% sur sa facture. »

L’efficacité du syndicat départemental de l’Indre a aspiré son président vers des fonctions nationales « Je passe une journée par semaine à Paris. »

Si l’on y ajoute le travail de maire, de membre de la communauté de communes, de vice-président du Parc de la Brenne et de l’organisation de la randonnée de la Brenne qui fêtera ses trente et un ans cette année, les électeurs ont rendu service à Jean-Louis Camus en ne le renvoyant pas au département.

« La Randonnée de la Brenne, on l’a créée avec trois ou quatre amis, c’est devenu un événement touristique majeur, mais ce que je regrette c’est qu’aucun professionnel n’ait pris le relais pour proposer à l’année ce que nous offrons sur ces quatre jours. Pourtant les centres d’intérêt ne manquent pas, à commencer par la réserve de Chérine qui dispose de remarquables animateurs nature comme Tony William. »

Alors surbooké l’ex conseiller général ? « Je me réserve une journée par semaine pour chasser le sanglier, m’occuper de ma vigne et de mon verger, notamment. »

Un exemple à méditer pour ceux qui se lancent, plein d’enthousiasme, dans la course aux législatives.

Pierre Belsoeur