Championnat du monde de tir


Qui peut battre Eric Grauffel, invaincu au XXIe siècle ?

Margaux Nycz, vice championne d’Europe est venue reconnaître les lieux lors des championnats de France.

Le champion du monde de tir sportif de vitesse est Français depuis 1999 ! Des adversaires venus de 130 pays tenteront de le faire chuter sur le stand tout neuf de la FFTir du 27 août au 3 septembre.

Stephane Quertinier ne manque pas d’air. Il a réussi à vendre en 2014 à ses collègues de l’IPSC (International Pratical Shooting Confederation) des championnats du monde de Tir Sportif de Vitesse sur un terrain qui allait être construit trois ans plus tard. «Lorsqu’on a présenté la candidature française on s’était dit qu’on ne l’aurait pas du premier coup, mais nous avons effectivement été retenu et il ne nous restait plus qu’à lancer le chantier et à mettre la pression sur le constructeur retenu par l’appel d’offre pour que les délais soient tenuts.» Il avait tellement bien convaincu ses collègues de l’IPSC qu’il lui ont demandé d’organiser la même compétition, mais en version shotgun (autrement dit avec fusil) en 2018 !

Il a eu raison puisque le stand national de tir de la Fédération Française est prêt à accueillir les championnats du monde. Les tireurs sportif l’ont étrenné fin juillet à l’occasion des championnats de France. Des championnats un peu particuliers puisque des tireurs de trente nations s’y sont invités, histoire de prendre leurs marques avant la compétition mondiale du mois d’août. Et le bilan est tout à fait positif même si la météo n’a pas toujours été très coopérative. Mais comme le disaient les participants « Au moins les pas de tir des différents matchs sont couverts et on peut mettre son matériel à l’abri.» Des installations effectivement spectaculaires, avec des alvéoles où l’on peut évoluer en toute tranquillité au milieu des impressionnantes buttes de terre. Des buttes obtenues par le seul travail des scrappers puisqu’aucune parcelle de terre n’est entrée ni sortie de l’enclos du centre national. La sécheresse du mois de juin n’a pas permis à l’herbe de pousser suffisamment. Jean-Guy Serrier, l’administrateur du Centre, qui a pris ses fonctions depuis un mois, convient qu’il faudra encore plusieurs mois pour compléter les aménagements paysagers et même deux ans pour que les talus des alvéoles se tassent et que les tondeuses puissent les escalader.

Mais l’essentiel est opérationnel et il a déjà résonné des balles de 9mm tirées par les pistolets de concurrents.

Jean-Guy Serrier et Stéphane Quertinier (de g à dr), devant l’entrée des installations de la Fédération Française de tir.

Cérémonie d’ouverture le 27 août

Le tir sportif de vitesse, qui n’est pas une discipline olympique, comporte trois disciplines: pistolet, carabine et fusil et couronne donc tous les trois ans le champion du monde d’une des spécialités. Le tenant du titre est Eric Grauffel, tireur breton de 36 ans qui a décroché sa première médaille d’or mondiale en 1999 et n’a jamais été battu depuis, le Teddy Riner du tir de vitesse en quelque sorte. « C’est un extraterrestre du tir, convient Stéphane Quertinier qui a été son coéquipier en équipe de France je me souviens de son comportement aux Philippines lors d’un match particulièrement compliqué. Je ne l’avais jamais vu aussi concentré. Il a enregistré toutes les données comme si il avait dix ordinateurs dans la tête et à l’arrivée il a mis 20% à tous ses concurrents, ce qui est une différence énorme. «Il fallait que je les écrase» a-t-il commenté en sortant de sa bulle et c’est cette année là qu’il a remporté son premier titre mondial. Depuis il n’a jamais été battu.» Eric Grauffel est donc la référence mondiale du tir de vitesse, le seul Français a vivre de son sport « Les sponsors se l’arrachent, il est invité à diriger des stages dans le monde entier.» Cette fois encore Maria Gushina (Russie), Lenka Horenji (Tchéquie) ou Jiji Raccaza (USA) auront fort à faire pour l’éjecter de la première place du podium.

Il sera à la tête de la délégation française le 27 août, à16h, lorsque débutera la cérémonie d’ouverture. Les cent-trente délégations défileront de l’église Saint-André à l’hôtel de ville et c’est place de la République que seront prononcée les allocutions d’ouverture des championnats du monde. La présence de la ministre des sports n’est pas garantie pour cette cérémonie, mais elle viendra à Châteauroux pendant les championnats du monde. Les compétitions débuteront le lundi 28 et seront ouvertes au public de 7h30 à 19h. Seule obligation pour être admis: être muni de bouchons d’oreille et d’une paire de lunettes (de vue ou de soleil) la sécurité est une donnée sur laquelle on ne transige pas à la fédération française de tir.

Dans la matinée du samedi 2 septembre un «shout out» sera proposé au public. Il s’agit d’une compétition spectaculaire à laquelle sont conviés les douze meilleurs tireurs au cours de laquelle deux concurrents tirent simultanément sur des cibles métalliques.

Enfin c’est sous la bulle de Belle-Isle que se déroulera le repas final le dimanche avec l’ensemble des tireurs pour la proclamation du palmarès.

Pierre Belsoeur


La sécurité, maître mot de la compétition

La reconnaissance du parcours du match. Essentielle pour choisir l’ordre des tirs et les appuis à prendre.

Une dizaine d’adultes, hommes et femmes semblant jouer aux cow-boys avec leur main en forme de pistolet, c’est le curieux spectacle qu’offre la première phase d’un match de tir sportif de vitesse. Un match correspond à une alvéole dans laquelle sont installées un certain nombre de cibles en carton ou métalliques. Les concurrents devront loger deux balles dans les cibles en carton fixes ou mobiles qui comportent trois zones avec des valeurs de points différentes et coucher les cibles métalliques en un minimum de temps. Ils mettent en pratique les quatre fondamentaux du tir: visée, lâcher, respiration, appuis afin de réussir la meilleure performance possible.

C’est pourquoi, après le briefing de l’arbitre, la reconnaissance du parcours est essentielle pour mémoriser la façon d’atteindre les cibles le plus vite possible, de la même manière que les parachutistes ou les pilotes de voltige mémorisent, au sol les figures qu’ils vont effectuer. C’est la combinaison entre le temps, les munitions utilisées et le nombre de points obtenus sur les cibles qui déterminent la note enregistrée par l’arbitre en présence du concurrents qui le salue avant de quitter le pas de tir.

La sécurité est omniprésente dans cet exercice. Les concurrents mémorisent les mouvements avec leurs mains car ils doivent garder leur arme déchargée à la ceinture. Ils ne glisseront le chargeur dans leur pistolet qu’après le top départ donné par l’arbitre et déchargent l’arme dès le dernier coup tiré. Si la configuration du match oblige le tireur à  revenir vers le public il doit garder l’arme pointée vers l’arrière selon un angle bien défini, sous peine d’élimination.