Billet d’humeur de Fabrice Simoes


Entre lucanes, grand satan et Silmarillion

Un billet d’humeur c’est forcement faire des choix d’une importance capitale. Ainsi, en débuter l’écriture à l’occasion de la Saint-Patrick peut être considéré comme du prosélytisme religieux pour certains, un appel à une consommation de boissons fermentées à base de houblon, sans son compère modération, pour d’autres. Cependant, si vous avez regardé récemment un film comme «  Le dernier pub avant la fin du monde » vous prenez définitivement l’option anti-cléricale ! De fait, une pinte à la main, ou une half-pinte pour les petits joueurs, les mots s’additionnent alors, au bout de l’autre main, de manière plus légère et moins sectaire. Si en plus vous mettez un petit peu de musique d’ambiance ça devient tout de suite plus cool, Raoul. De fait, les notes s’égrènent. C’est l’intro gentillette. Un tempo qui s’incruste. On se secoue les derniers cheveux et on se dit, comme l’inspecteur Bourrel dans les « Cinq dernières minutes » que l’on regardait, sans carré blanc, quand on était tout petit «  bon sans mais c’est bien sur ». Un billet au rythme des sons qui passent, des basses qui sondent, des guitares qui staccatosent, ça aurait de la gueule, non ?

Black Sabbath sur la platine – les anciens vous le diront, un bon son c’est un son qui a des défauts donc faut qu’ça gratte un peu – « Machine head » fait office de support. On laisse défiler les plages. On oublie que le PSG  s’est pris une tôle pour cause de boulards trop gros et de corrones trop petites. On écoute et on tape du pied au lieu de taper sur son clavier. On ressort son Harrap’s Compact pour tenter de traduire quelques paroles. Et d’un coup, comme la seule langue de Shakespeare que l’on comprenne c’est celle de l’entraîneur de Leicester et pas celle de l’auteur de pièce de théâtre, on s’aventure à se poser des questions existentielles telles que « où vais-je, ? Où cours-je ? Dans quel état j’erre ? » à l’écoute de « Smoke on the Water ». Cela veut-il dire que l’on peut encore fumer sous la douche sans outrepasser les recommandations relatives à la santé publique ? Mourir en bonne santé, en voilà une belle option. Ici, vous ne trouverez pas la réponse. Par contre, un peu de Rock and Roll marbré de  blues ne peut pas faire de mal dans ce monde où tout va mal selon Jean-Pierre Pernault, le Picard spécialiste de la politique populaire à défaut d’être aussi performant dans le surgelé que son cousin de Fontainebleau ou dans l’apéritif comme son grand-oncle du midi.

Et tandis que François de la Sarthe, des 24 heures du Mans et des rillettes de la même ville, désormais emporté dans son déni judiciaire, ne peut se résoudre à laisser la place en tête de gondole des Républicains, me trotte dans la tête l’album « Fugazi » de Marillion. Les fans de Tolkien prodigaient déjà la bonne parole, dès les années 80, pour décrire notre nouveau Jacques de la Molay. « Tu étais un objecteur à la mode avec un uniforme fétiche. Un réflexe pavlovien qui se déclenchait au son du tiroir-caisse du succès… Ainsi tu t’es résigné à l’échec, mon ami. » Prophétiques les Écossais dans les strophes de « Assassing »? Nous saurons dans quelques semaines. Pas encore brûlé en place publique le chef des Templiers des temps modernes. Une chose est certaine, le costard à 7000 boules, Fish et les siens ne l’avaient pas vu venir. Pas vu arriver non plus le futur référendum pour rester, ou pas, dans le giron des grand-bretons de Miss May.  Charmante personne s’il en est la dame du 10 Downing Street. L’esprit de Miss Tatcher dans le corps d’Angela Merkel… Finalement, si on regarde bien, seul le professionnalisme du dentiste de Theresa prouve que l’on a changé d’époque. Hé Joe, François, Emmanuel, Benoît, Jean-Luc et les autres, ce n’est pas pour autant que nous devrions envier le système de santé des Britanniques. Loin de là !

Autre temps, autres mœurs. Un scarabée à lunettes qui chante Girl, Girl, Girl tandis que trois autres Beatles s’accordent pour un chœur de « nichons, nichons, nichons ». Pas une seule féministe à l’horizon. Pas de plainte au CSA pour des millions de disques vendus. Au bal des faux-culs, la première danse n’avait pas encore débutée. La semaine du 40e anniversaire de la Journée internationale de la femme valait donc bien de réécouter un peu de musique classique. La play-list continue. Le juke-box Seeburg ne veut plus s’éteindre. Et la tête pointe toujours dans les sillons qui défilent, défilent encore. Chuck Berry en tire sa révérence …

J’aurais bien voulu vous toucher deux mots au sujet de Jean Lassale, le candidat des Pyrénées, mais aucun disque d’Anne Etchegoyen dans la réserve. J’aurais bien voulu aussi vous narrer les aventures de l’autre Nicolas. Dupont-Aignan celui-là. Problème, si l’accordéon diatonique de Marc Peronne -– la chanson de Craonne – figure dans ma base de données personnelles – période folkeuse oblige-  rien trouvé du côté d’Yvette Horner et d’André Vershuren. Ce n’est pas que je n’aime pas. Seulement, quand on a le choix…

Un billet d’humeur, décidément, ça ne tient pas à grand chose : une petite mousse, une vieille sono,  des politicos toujours aussi incapables de sortir de leurs sentiers battus et rabattus et une société dont certains voudraient nous jouer une nouvelle version de la Machine à remonter le temps.

Fabrice Simoes