Séjour en prison pour Jean-Michel Sieklucki


Pour son sixième livre édité et premier roman aux éditions Marivole, Jean-Michel Sieklucki nous fait découvrir la vie pénitentiaire par les yeux d’un jeune surveillant. Ancien avocat pénaliste, fils et petit-fils d’avocat, il nous offre une nouvelle facette du monde judiciaire avec Le Temps des Exigences.
D’où vous est venue l’envie d’écrire sur la vie pénitentiaire, et plus particulièrement, sous le point de vue d’un surveillant ?
« Alors, ça me vient bien évidement de mon métier, puisque j’ai été avocat pénaliste pendant 40 ans. J’ai beaucoup fréquenté les prisons, seulement au niveau des parloirs heureusement (rires), ainsi que les prisonniers, les familles des prisonniers, les surveillants et toute l’administration pénitentiaire. J’ai eu beaucoup d’exemples d’attitudes dévouées, humaines de la part de surveillants et j’avais envie de me placer dans les yeux, dans la tête d’un surveillant qui débute. C’est une profession qui n’est pas très bien connue, à mon avis pas assez considérée et peut-être aussi pas assez rémunérée, il faut le reconnaître. Ça me paraissait pour toutes ces raisons intéressant d’en parler. »

Grégoire dit ne pas regretter d’avoir arrêté ses études de droit car il n’y aurait pas trouvé le bonheur. Est-ce que ces pensées sont les siennes ou, quelque part, un peu les vôtres ? Regrettez-vous d’être devenu avocat ?
« Non ! Ce ne sont pas du tout les miennes. Je pense que ma vocation était certainement d’être avocat. Non, je le mets dans sa bouche peut-être pour expliquer cette vocation par dépit. Je ne crois pas qu’il ait la vocation au départ. Mais je pense qu’il va se réaliser après. Je crois qu’il arrive tout neuf dans la prison le premier jour et il découvre vraiment. Entre le droit et la vie d’un surveillant il y a quand même un monde, à mon avis. »

Est-ce que cette histoire vous a été inspirée par l’expérience d’une de vos connaissances ?
« Au niveau de l’administration pénitentiaire non, quoique j’y mets beaucoup de gens que j’ai connu. Dans les détenus qu’il va rencontrer, le toxicomane en crise, j’ai connu ça, j’ai eu des clients comme ça, j’ai entendu des hurlements comme ça. Le directeur… pas trop. Alors si, il y en a auxquels j’ai pensé, au niveau du procureur de la République, par exemple. Ils sont loin d’être tous comme ça mais il y en a. Des gens qui sont extrêmement aimables, qu’on aurait du plaisir à rencontrer dans un salon mais quand on a besoin de quelque chose, d’une intervention urgente et efficace il n’y a plus grand monde derrière. Ça existe. »

C’est votre sixième livre. Tous parlent d’un aspect du monde judiciaire. Est-ce que, pour un prochain livre, vous resterez sur ce sujet ou aimeriez-vous vous essayer à autre chose ?
« Alors c’est mon sixième livre édité mais je suis en train d’écrire le quatorzième, pour ne rien vous cacher. J’en ai un que j’aimerai bien voir sortir, qui s’appelle Le Petit Garçon du Palais. C’est l’histoire d’un petit garçon de 8 ans, fils de concierge, au Palais de Justice de Tours, qui découvre le monde judiciaire et le Palais qui l’entoure. Je le fais grandir. Il attrape 14, 15, 16 ans et il lui arrive des choses un peu surréalistes, surnaturelles. Il y a un problème de fantôme, des choses comme ça. Et j’ai des tas d’autres livres. J’ai un recueil de 5 nouvelles concernant 5 procès d’assises différents que j’ai vécus, je les aborde à travers les yeux d’un acteur différent à chaque fois. C’est toujours un petit peu proche mais pas totalement. Et puis j’ai terminé cette hiver la suite de La chute d’Adrien. »

Est-ce que vous avez en projet des dédicaces cet été ou à la rentrée de septembre ?
« J’ai des salons où je vais régulièrement, notamment en Touraine ou en Anjou, qui vont se tenir pendant l’été. Et je travaille sur un livre qui va retracer l’histoire de la colonie agricole et pénitentiaire de Mettray, qui sera illustré de photos. »

Propos recueillis par Alessandra Lafont (stagiaire en édition)