Le domaine déconfiné de Chaumont-sur-Loire, un essentiel à contempler


Le public a repris ses quartiers au milieu de la nature et de la verdure du château qui surplombe la Loire, entre Blois et Tours. Le site est en effet de nouveau accessible depuis le samedi 16 mai. L’occasion notamment de découvrir les créations du Festival international des jardins, et également, en nombre restreint, avec le gratin local, d’inaugurer officiellement cette édition 2020.

960 visiteurs comptabilisés les 16 et 17 mai. Il s’agit du chiffre de retrouvailles progressives qui signale positivement une remise en route mesurée des essentiels de la vie en Loir-et-Cher. D’ordinaire, un weekend de mai aussi ensoleillé aurait attiré au moins 4 000 personnes mais la directrice du domaine régional, Chantal Colleu-Dumond, est ravie de cette embellie. En fait, tout un chacun ne peut qu’être enchanté du fait avéré que les lieux culturels et touristiques qui ne sont plus à l’arrêt forcé. La vigilance demeure de mise, évidemment, et on ne cessera de le seriner. À Chaumont-sur-Loire, pas d’inquiétude à avoir, car ici comme ailleurs, toutes les précautions sanitaires sont prises dans l’intérêt de tous et toutes. Personnel et public protégés, gel hydro-alcoolique, marquage au sol pour le respect de la distanciation physique, port du masque obligatoire dans les espaces fermés (château, écuries, granges, etc.), sans oublier sens de circulations avec flèches qui autorisent et panneaux interdits qui invitent à repousser chemin afin de ne pas croiser son voisin… Une seule crainte peut-être, celle de garder des marques de bronzage, masquées ! Les plus inquiets peuvent toujours rester à l’ombre des murs du château où l’art contemporain s’épanouit ce mois de mai entre force et fragilité, émotions capturées à travers la vitre d’un train et bibliothèque de livres cristallisés. La visite se poursuit au grand jour pour celles et ceux qui le souhaitent mais il serait dommage de louper le poétique spectacle de l’arbre brisé et doré de Giuseppe Penone dès l’entrée, les oiseaux divers et variés de Wang Keping, ou encore les sculptures à la tronçonneuse de Marc Nucera. Et tant d’autres élégants émerveillements à découvrir in situ !

Résilience et renaissances d’émotions au naturel

Aussi, la promenade se poursuit. Le plaisir de délier ses gambettes à l’air libre dans les prés du Gualoup, visuellement rythmés par les oeuvres colorées de l’architecte paysagiste renommé, Bernard Lassus, surpasse le tracas et permet d’oublier un temps les soucis atypiquement viraux de ce printemps. Bien sûr, l’ambiance est chamboulée dans les allées, la foule des grands jours n’est pas encore de retour, tandis qu’une poignée d’élus seulement fut observée dans les rangs de l’inauguration du Festival international actée mardi 19 mai, mais le plaisir de se balader s’avère intact et les sourires, une fois le masque tombé, dans les jardins, sont présents sur les visages des petits et grands moins emmurés. À Chaumont, le printemps se réinvente nécessairement… D’ailleurs, le regard plongé dans le verre à moitié plein, force est de constater, tel un rayon de soleil transperçant les coeurs dans cette adversité inopinée, que contrairement à l’habitude, les odeurs sont perceptibles puissance mille en petits comités, sous l’effet sans doute de nez déconfinés et d’accès plus limités qui exacerbent les sens pendant deux mois entravés. Quant à Chantal Colleu-Dumond, elle aura comme à l’accoutumée visé juste et même, aura eu, dans ce malheur moderne, plus que du flair en choisissant le thème 2020, celui des jardins de la Terre et de notre rapport avec cette dernière. La réflexion se révèle, sous un jour d’avant-après, prégnante et urgente. « Nous, à Chaumont, on replante des arbres, des fleurs. Il est nécessaire de se reconnecter au bon sens et de cesser de détruire l’environnement, nous confie l’intéressée précitée. Cette crise de Covid-19 nous rappelle le lien fort avec les animaux et la nature à repenser. » Un sujet donc qui tombe à pic, illustré par des oeuvres végétales aux sphères parfaites se reflétant dans l’eau, aux outils arrosoirs, aux tapis de couleurs cachant des détritus honteux, etc., qui invitent à une médiation qui devient obligée en cette époque abruptement contrariée. Sur ces considérations aux pétales ainsi égrenés, une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, à (re)lire dans notre édition papier qui revient, pour rappel, mardi 9 juin. Et davantage à ressentir par vous-mêmes en contemplant la vivacité d’une nature parfois mise de côté, en savourant sur place le bonheur loin d’être suranné de flâner au jardin. Chassez le naturel, il revient au galop ? Cette fois, la ritournelle, souvent éprouvée négativement, est à accueillir positivement, sous de bons augures vers une liberté, bien qu’encore surveillée, réapprivoisée. À Chaumont-sur-Loire, en tout cas, ce printemps, le déconfinement n’est aucunement déconfit.

Émilie Rencien

Photos, mai 2020 (c) Émilie RENCIEN.

Sur le Web : http://www.domaine-chaumont.fr/fr