Blois : Au conseil municipal, pas sur la même 5e longueur d’onde


Cela nous avait manqué, il suffisait de demander : les punchlines* étaient bien au rendez-vous entre majorité et opposition lundi 28 septembre. Le coeur de la poudrière fut particulièrement nourri par une guerre aux cartouches de 5 G.

Quatre heures seize, 67 délibérations égrenées de 18 heures à plus de 22 heures. Beau score blésois pour un vrai conseil municipal, avec de la passion et des objections, chargé d’informations… électriques. L’onde circulant lundi 28 septembre, dans les murs de l’espace Jorge-Semprun, choisi cette fois pour l’occasion, était loin d’être plane mais elle avait parfois bien du mal à être captée, une fois émise. Passés les débats gentillets sur d’autres sujets, le numéro 39 nous aura avant 21 heures tirés de notre torpeur, concernant la demande d’un moratoire sur le déploiement de la technologie 5G. La majorité s’est montrée unanime sur la dangerosité supposée du sujet (tumeurs, troubles du sommeil, etc.), en dépit de la carotte progrès érigée. L’opposition fut également en concorde, mais pas dans le même sens de pensée. En bref, la partition jouée ne sera pas parvenue à produire une fréquence commune. Le ping pong oratoire aura par contre été reçu cinq sur cinq entre le « pour et le contre la 5G ».

Paroles, paroles, paroles

Si Étienne Panchout (Modem) s’est déclaré « déçu devant un moratoire très négatif, une délibération éminement politique», et Gildas Vieira (SE) s’est signalé « en attente de preuves et de débat public car 80% des gens ne sont pas des imbéciles », Malik Benakcha (LR) aura comme à l’accoutumée, pugnace et sagace, beaucoup parlé, agaçant par conséquent une énième fois le maire PS de Blois, Marc Gricourt, et ses adjoints. À l’instar de Benjamin Vételé (éducation, politique de la ville, etc.) qui aura, perforatif et combatif, mis le doigt dans la plaie. «C’est insupportable ! On ne mesure pas la qualité de l’opposition à la longueur des phrases! » On fera remarquer sans défendre quiconque que par le passé, d’autres conseillers opposés affectionnaient parfois eux aussi les tirades, et personne ne bronchait mot. Toutefois, en sus, a contrario, sans prendre non plus parti, l’expérience permet d’apprendre que le “plus c’est long, plus c’est bon”, n’est pas toujours vrai… Droite et gauche, c’est un peu comme Mars et Vénus. Et puis, dans l’opposition, ne pas s’exprimer, c’est la transparence assurée, et la ramener, c’est le pilori assuré. Tout est une question d’équilibres. «Vous défendez le buzz médiatique et non le changement climatique. Je vous propose de vous offrir un mobile plus ancien, car vous avez tous et toutes un téléphone dernier cri, non?» aura rétorqué Malik Benakcha, sans capituler. Alors pas de jaloux, un partout, et hormis compter les points et boire du petit lait, en définitive, la vraie question : pour la lampe à huile ou contre le tout connecté ? Rien n’est jamais si manichéen, alors vous avez quatre heures supplémentaires et autant d’ondes de brouillon. Mais pas davantage, car pour réconcilier excédés et bavards, le temps de parole de chacun au conseil municipal pourrait être limité très prochainement, selon les dires publics de l’édile Gricourt.

Émilie Rencien

* Phrases choc, dans la langue de Molière.