Blois : Quand patrimoine et électro font bon ménage, parfois


Le Monumental Tour avait posé ses sets et sons en bord de Loire fin septembre. Les ingrédients de ce genre de concert est simple: un château et des DJ. Celui de Blois en l’occurrence cet automne 2023.
Et soudainement, dans la nuit, le visage hologramme de François Ier s’esquisse, projeté sur un mur du château de Blois, au rythme de jeux de lumières et de musique de platines… C’est ce spectacle inédit qui a été offert à 2 500 personnes qui avaient acheté un billet pour assister dans la cour du château royal de Blois le vendredi 29 septembre à un “Monumental Tour”. Monumental, par l’ampleur du show, réunissant pas moins de quatre disc-jockey, dont Pedro Winter, l’acolyte des Daft Punk. Monumental encore, car littéralement, la scène était implantée au coeur d’un monument historique. Une sorte de leçon géante d’histoire en musique et à ciel ouvert qui a fait étape à Blois donc cette édition, après Nancy, Strasbourg, la Vendée, le Mont Saint-Michel, Paris, une abbaye, le château de Chantilly, etc. Cette tournée d’un style singulier, placée sous le patronage de la Commission nationale française pour l’Unesco, a été imaginée par un autre DJ, passionné d’histoire et de patrimoine, le producteur français Michaël Canitrot, pour faire se rencontrer dans une même place, deux styles aux antipodes, à savoir le classicisme des pierres avec la modernité de la musique électronique et des nouvelles technologies. Un style d’immersion historico-musical déjà vu, critiqueront certains; il est vrai que beaucoup de châteaux, dont celui de Chambord (on se souviendra de Carl Cox et de l’initiative @Cercle, mixant également vidéo et électro dans des lieux peu communs et patrimoniaux, en juillet 2018, ndlr), diversifient leurs publics par le biais de rendez-vous plus larges que les seuls récits extraits des pages de l’Histoire de France. Sauf que ici, les tickets d’accès à ce “Monumental Tour”, récompensé en 2022 par l’Institut de France via un prix Coup de Coeur de la Fondation Stéphane Bern, se situent à chaque date dans une fourchette d’achat modeste (entre 8€ et 16€, en se basant sur l’exemple vendéen de l’abbaye de Maillezais le 7 juillet 2023, ndlr), avec généralement un tarif spécial, estampillé “soutien au patrimoine”. En somme, comment joindre l’utile à l’agréable : divertir tout en sauvegardant. Même si, derrière ce pain et ces jeux contemporains, des esprits plus critiques, qui oseront poser des questions monumentales à leur tour, s’inquiéteront de la préservation des oeuvres et sculptures, comme au château de Blois, soumises à de fortes fréquences et vibrations lors de cette représentation électronique (il paraît d’après les vieux de la vieille que le festival blésois “Tous sur le pont”, ancêtre des actuelles Lyres d’été”, le constat avait été sans appel, concernant l’impact sur ce patrimoine, obligeant à cesser le déploiement des vocalises et décibels qui cassaient les oreilles pierreuses du château royal…), ou encore des nuisances pour les oiseaux, chauve-souris et la biodiversité. Le 29 septembre 2023, c’était quoiqu’il en soit, sans trop penser, une soirée à ne pas manquer, et à voir de ses propres yeux.
É. Rencien