Catoire Semi, depuis cinquante ans dans la vie de Martizay


Née voici soixante ans en région parisienne, l’entreprise s’est installée en 1968 à Martizay. Elle en est la cathédrale sidérurgique, le poumon économique et bien plus encore.

Laure Catoire est une drôle de bonne femme. Lorsqu’un chef d’entreprise a un peu de bon sens il associe plus ou moins adroitement son personnel à sa réussite. Chez Laure, cet attachement à son équipe est charnel, tout comme le lien qui l’unit à Martizay. Et naturellement, lorsqu’il s’est agi d’organiser les festivités destinées à célébrer les soixante ans de l’entreprise tout le village a été associé. À la journée portes ouvertes se sont ajoutés un marché des produits du pays et une fête des associations qui pourront profiter de la venue de 1 500 à 2 000 personnes pour se faire connaître, rencontrer des adhérents potentiels.« On ne s’est jamais sentis seuls. On a une écoute que l’on n’aurait jamais eu si l’on était ailleurs qu’à Martizay. Les élus sont à nos côtés. Ca fait dix-huit ans que je suis là. Pas une fois on ne m’a dit non. Associer tout le village à cet anniversaire allait de soi. »

Une affaire de femmes

Laure n’est pas née à Martizay, mais Catoire non plus. C’est dans un garage de Sartrouville que Georges Catoire a créé son entreprise de fabrication d’outils de forge. mais Catoire Semi est bien une affaire de femmes berrichonnes. C’est parce que l’arrière grand-mère maternelle de Laure avait des terres à Martizay que Georges a prospecté du côté du Berry lorsque l’activité a été trop importante pour rester à Sartrouville. Il a créé l’usine inaugurée en 1970 dans une ancienne scierie, abandonnée depuis trente ans. Parallèlement l’activité a continué à Sartrouville jusqu’en 1976, où la proximité de l’entreprise Renault avait permis de développer cette activité d’outillage de forge. Et lorsque Georges « bien épaulé par son épouse », insiste Laure, a pris sa retraite, il a passé le relais à sa fille, Dominique.

La trajectoire de Laure n’était pas forcément tracée même si sa vie et celle de l’entreprise sont liées « À 15-16 ans, je passais mon été à travailler à l’usine. Pas dans les bureaux. Je balayais les ateliers. Au terme de son parcours universitaire – faculté d’administration économique et sociale à Tours et master de sciences de gestion à l’Institut d’administration des entreprises (IAE Tours) – la jeune femme a senti que son avenir était à Martizay. Aux côtés de sa mère, elle assure le contrôle de gestion. « J’ai rejoint l’entreprise en 98, pas au meilleur moment puisqu’il y a eu une vague de licenciements. »

Les périodes difficiles font partie de l’histoire des entreprises industrielles. En 2013, lorsque Laure devient présidente de la société, succédant à Dominique qui restera directrice générale jusqu’à son décès en 2017, Catoire doit investir sous peine de décliner. L’achat d’une grosse machine lui permet d’élargir ses possibilités. Un pari sur l’avenir qui va aboutir au doublement de la surface de l’entreprise avec l’installation d’un pont roulant de trente-deux tonnes et l’arrivée de deux nouvelles machines. « On est passé de trois pièces qualifiées à dix ».

Des notions qui échappent au spectateur lambda, mais Catoire est une entreprise qui travaille essentiellement en sous-traitance, ce qui implique la fameuse qualification pour que les donneurs d’ordre lui confient des pièces à usiner. « Et à chaque fois c’est un défi lancé à toute l’entreprise. Nous sommes en première ligne mais simplement les représentants de l’équipe. Heureusement, derrière moi, j’ai des guerriers. »

Dans l’accélérateur de BPI France

Le nouveau défi que l’équipe Catoire s’apprête à relever c’est de justifier sa sélection par l’accélérateur de BPI France. Un organisme qui permet aux entreprises performantes de franchir un palier. Elles ne sont que quatre dans l’Indre à intégrer la dernière promotion. « Tout le monde sera concerné, on va aller faire des formations avec HEC. Un comité de pilotage va être constitué incluant les chefs d’équipes et les responsables de services. Il s’agit d’acquérir encore plus de professionnalisme pour ne pas rater par exemple la mutation de la filière diesel. On peut aller aussi sur l’électrique, on maîtrise la technologie. Si on ne doute pas, on n’avance pas. mais sans nouveaux défis, ça ne m’intéresse plus. »

Un nouveau défi qui concerne également le mari de Laure, directeur général et DRH de l’entreprise, qui va devoir trouver les personnels supplémentaires nécessaires à ce nouveau développement. « Quand on va chercher un collaborateur, on met ses tripes sur la table. Parfois  on travaille des semaines sur un profil, on croit avoir trouvé l’oiseau rare et ça capote. mais la principale qualité d’Olivier c’est d’accepter d’être un éternel second, car il n’a pas Catoire dans son patronyme. » Peu importe le patronyme, Olivier est l’ange gardien de la « patronne ».

Aujourd’hui, l’heure est à la fête et vous êtes tous conviés à découvrir cette fleur qui s’épanouit dans un désert industriel. Une fleur solidaire de son territoire.

Pierre Belsoeur