C’est l’été, place au festival de canes !


Sous les pavés, la plage ? Les vacances chéries sont arrivées. Cet été 2021, nous sommes toutefois, bis repetita, distanciés du « sea, sex and sun » léger de ces dernières années, ou du désinvolte « tout nu, tout bronzé » (car masqués!), et peut-être plus proches des « coquillages et crustacés, sur la plage abandonnée, qui déplorent la perte de l’été » de Brigitte Bardot, le Covid-19 nous tenant encore cet été par le bikini en épuisant l’alphabet grec. Le nouveau monde, escompté plus vertueux, demeure fantasmagorique, le temps actuel étant davantage baigné par une violence et agressivité élevée, le tout souvent pour des peccadilles d’enfants gâtés ou dérangés. Alors, vraiment, incessamment, sous les pavés, la plage ? Croisons les doigts, y compris ceux des pieds en éventail, au milieu d’une mare d’entraves modernes dans une société fracturée, dans laquelle une mère cane n’y retrouverait sans doute pas ses petits. Il fait beau, il fait chaud, il reste un peu de boulot aux journalistes solognots avant de buller, mais l’été tente de percer et de s’installer autant dans le ciel que les coeurs, entre deux doses de vaccins pour ne pas se reconfiner, de fusées commercialement polluantes dans l’espace et de pass Saint-Graal. Première éclaircie, le festival de Cannes a pu avoir lieu, tout comme le festival pyrotechnique en cours sur cette même ville jusqu’en août, qui n’avaient pu se tenir l’an passé notamment, du fait de ce fameux contexte sanitaire. Mais chassons ce tenace nuage grisé. Ailleurs, deuxième rayon de soleil, sans faute d’orthographe aucune que quelques-uns auront déjà cru voir darder dans le titre de ce billet, c’est cette fois un régal de « canes » qui se concocte, ne s’avérant pas du tout un cancan. Enfin, ces lignes-là bougent : la fin du broyage (ou gazage) des poussins mâles et des canetons au moment de l’éclosion est programmée en France (et en Allemagne également) d’ici le 1er janvier 2022, à écouter les déclarations ce mois de juillet de Julien Denormandie, ministre de l’agriculture. À cette même date, l’interdiction de la castration à vif des porcelets est en sus actée. Vous voyez, un petit vent de liberté et d’humanité souffle à nouveau ! Rien n’est jamais manichéen, rien n’est jamais perdu, à l’instar du hashtag #FreeBritney qui égaye un brin l’actualité plombée par un indécrottable virus. La chanteuse américaine aura, il est vrai sans se cacher, bercé nos rêves de jeune fille en fleur avec ses mélodies pop suaves et acidulées en tenues vaporeuses qui donnaient l’envie de se dévergonder et à son tour d’oser (celles de Christina Aguilera également!). Il est possible d’y voir un goût niais de cane, mais bien au contraire, derrière la vitrine d’une Britney Spears sulfureuse et trash à ses jeunes heures, tentant de se libérer de ses chaînes aux lourdes mailles paternelles longues de 13 années, et ne vivant pas la vie dorée fredonnée dans ses clips désormais à l’arrêt, le vernis d’apparence pailletée révèle une sérieuse question de société, loin d’être superficielle qui concerne chacun(e) d’entre nous. Elle nous aura fait songer à une donnée, fondamentale : la liberté, en règle générale. Qu’il s’agisse d’une tutelle, de mesures gouvernementales perçues contraintes, d’un style vestimentaire, d’une appétence alimentaire, de convictions politiques, de défense de causes, d’une préférence sexuelle … Cela pourrait presque être un sujet de cahier de vacances jeunesse ou de philosophie au baccalauréat, remis sur le tapis par une pandémie. Réellement, où en est-on en 2021, quand une maladie affole la planète à en faire perdre la raison et déboussoler le bon sens ? Quand l’intimidation et la procédure semblent devenir légion dans notre pays s’américanisant, y compris envers les médias, alors que l’argent peut tout acheter, sauf le bonheur ? Dans la foulée, justement, quid de la presse ? L’association Reporters Sans Frontières aura constaté cette année qu’il existe 73% de pays qui limitent dans le monde l’accès «au terrain comme aux sources d’information, du fait ou au prétexte de la crise sanitaire», dégradant d’un cran supérieur les conditions de travail des journalistes. Sans parler du logiciel espion israëlien Pegasus pour smartphones … Ainsi, ici, pour nous créer un pont nous recentrant sur notre canard solognot, après cette lecture, la facilité sera présentement sûrement de nous qualifier de “vegan” puis “féministe”, et pourquoi pas de “complotiste” pendant que certains y sont. Ajoutons à cette liste, d’esprits négatifs et emplis d’ire envieuse, l’étiquette qu’ils essaieront de coller sur notre différence, celle de “média d’opinion”. Autant d’applaudissements que nous acceptons, demeurant dans notre veine du journalisme narratif qui se lit comme un roman, dont le père français est Albert Londres, entre conteur et journaliste, qui avait compris comme le Petit Solognot aujourd’hui qu’il fallait savoir innover et se démarquer des canards et canes plongés dans un même panier de réalités factuelles resucées. Sous nos pavés, une plage d’audace distincte ? Notre plume ne l’écrira jamais assez, un vrai festival de libertés se lit via les lignes ici, dans nos pages, au fil de nos numéros. «La liberté de la presse présente des inconvénients. Mais moins que l’absence de liberté, » dixit François Mitterrand. Il fait beau, il fait chaud, il reste à la rentrée du boulot… Sur ces entrechats de pierres de réflexions estivales à méditer, cher lectorat, ne changez, vous non plus, pas de braquet et passez un bel été sous votre propre météo de libertés, en Loir-et-Cher ou hors du Centre-Val de Loire, avec Mojito sur le sable. Avant de nous retrouver, même place, même pommes, mêmes canes et colonnes de papier, de retour dès le 25 août.

Émilie Rencien