Indécence mode d’emploi


La dernière fusée éclate au-dessus de la plage. Un camion blanc monte sur le trottoir et chasse les badauds à coups de pare-chocs. 84 morts, pour le moment, deux cent blessés. Depuis une semaine et demie, j’hésite encore entre hommage et colère. Et finalement c’est un troisième mot qui me vient à l’esprit: Indécence.

Indécence de ces politicards qui n’ont pas attendu une demi-journée avant de tirer à boulet rouge sur le gouvernement. Sans savoir. Sans connaître quoi que ce soit. Sans discernement. Comme des abrutis du discours à la con formaté pour un électorat plus prompt à passer de l’empathie au lynchage anonyme sur les réseaux sociaux qu’à la moindre réflexion individuelle. Presque 90% des candidats sont devenus bacheliers cette année. Et autant de « bédas » (NDLR : berlaudiots du Simoes) accros au smartphone et à l’intelligence collective. Un seul cerveau pour tant de têtes cela fait bien peu !!! Voilà donc les nouveaux électeurs ciblés, visés, touchés.

Indécence de ces personnages politiques d’opposition à la mémoire si sélective. Oublier que les effectifs ont été amputés quand Les Républicains d’aujourd’hui était les UMP d’hier. Pousser des cris d’orfraie pour ne pas entendre de petites voix susurrer qu’un rapport parlementaire indiquait, en octobre 2014, que « La police nationale a perdu près de 7000 agents réels entre la fin de l’année 2007 et la fin de l’année 2012. Dans le même temps, la gendarmerie a perdu 6790 postes». Selon Metronews, ces pertes auraient été « compensés en partie seulement par la création de 2700 postes d’adjoints de sécurité dans la police. » Demander plus de moyens humains. Demander plus de législatif. Demander tout et rien à la fois. Surtout ne rien proposer. Et les petits maires, les petits conseillers départementaux d’emboiter le pas. Décidément, si petits ces élus de base. Tellement facile de ressembler à ses électeurs.

Indécence de ces personnages politiques de la majorité pas si mécontents que ça d’en remettre une couche de six mois, à l’état d’urgence. Pendant ce temps-là, on ne parlera plus du 49-3. On pourra s’indigner d’une manif « corporative » qui défend des intérêts particuliers alors que l’on est en guerre. La guerre efface tout, même les droits des salariés. La guerre excuse tout. La guerre permet tout.

Indécence de ces extrémistes hexagonaux qui prônent la curée envers ces « félouzes » qui viennent jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes. L’intégrisme intellectuel est aussi pervers que le religieux. Distiller la haine. Prêcher pour une forme de délation. Maréchal nous voilà, même pas mort. Délit de sale gueule. Délit d’être le voisin que l’on ne connaît pas. Délit d’être moins blanc que le blanc décidé doctrinairement. Délit d’être un autre, tout simplement.

Indécence de mes jeunes collègues à la déontologie à usage variable. L’image se suffit souvent à elle-même. A l’heure du smartphone, elle est plus rapide. Plus trash. Plus gore. Plus conne, chers collègues. Et parfois la commission d’attribution de la carte de presse chipote pour donner le précieux sésame professionnel. On pourrait certainement changer les critères, non …

Indécence de penser que l’autre connard de conducteur du camion de Nice ait voulu porter préjudice au symbole du
14 juilllet. C’est lui prêter une intelligence dont il ne possédait pas une once. Malheureusement le feu d’artifice nicois aurait été tiré le 18 juillet, il aurait agit de la même façon. On a décidé que l’attentat était signé Daesch. Les berlots du Califat ne se sont pas empressés de s’auto-attribuer cette tuerie. Ils l’ont fait parce que cela leur convient très bien. Dans les années 70, on l’aurait placé sous le signe des Brigades Rouges… Le massacre de la promenade des Anglais est à l’image de celui d’Orlando, dans une boite de nuit gay. Occasionnel et totalement imprévisible ! Un acte dégueulasse perpétué par un instable du bocal équipé d’une sacrée puissance de feu avec ses deux fusils en plastique, une grenade en bois et un pétard que tout à chacun peut s’offrir à moindre coût dans les caves de n’importe quelle cité. L’Uberisation des attentats est au niveau de l’Uberisation de nos politiques. Bas de gamme, bas du plafond. D’une efficacité indéniable, malheureusement !

Soyons aussi indécent que tous les imbéciles cités plus haut. Demandons que toutes le personnes qui conduisent un camion blanc les jours fériés soient immédiatement stoppés. Allons plus loin. Décidons que tous les titulaires du permis poids lourd depuis moins d’un an soient surveillés. Toujours plus fort. Que tous les hommes, et les femmes au titre de l’égalité, en instance de divorce soient équipés d’un bracelet électronique. Plus fort encore. Que tous ceux qui ont eu à faire avec la justice, et même s’il n’ont pas été condamné puisqu’il n’y a pas de fumée sans feu, ne puisse accéder à un véhicule, à un poste de fonctionnaire, à une candidature élective, à un emploi décisionnaire. De futurs candidats potentiel seraient bien embarrassés.

A la fin, on pourrait aussi leur mettre un signe distinctif pour les reconnaître dans la rue… Tiens, une étoile. Ce serait bien une étoile, non ??? On ne la choisirait pas jaune. Faut tout de même rester politiquement correct !

Fabrice Simoes