La chasse en congrès national


Du 4 au 6 mars, se tient le congrès national des chasseurs. En prévision, Willy Schraen, le président national de la Fédération des chasseurs, est passé en région Centre Val de Loire, comme il le fait dans toutes les régions, pour rencontrer les administrateurs des différentes fédérations. Il fait le point sur l’entrée en vigueur le 1er juillet dernier, de la grande réforme de la chasse.

LPS : Quelles sont les questions qui se posent dans nos départements du Centre-Val de Loire ?
Willy Schraen : Pas de problème particulier dans cette région, bien au contraire. Mais le sujet des dégâts de sangliers est ici récurrent, même s’ils sont en réduction, grâce aux fédérations et aux propriétaires qui ont mieux géré, et du fait de plus de prélèvements d’animaux pour améliorer la situation. Il y a cependant ici de plus en plus d’objecteurs de conscience qui se refusent à toute action de chasse. Or le droit de propriété est fondamental, on doit composer avec et le respecter.

LPS : L’engrillagement de la Sologne est une question actuelle, qu’en pensez-vous ?
WS : J’y suis fortement opposé, je l’ai toujours dit. Le partage de la nature est la discussion de fond qui nous anime. La nature est un bien public, mais il se trouve que 85% du territoire en est privé. Le problème vient de là, du manque de respect pour les gens qui sont chez eux et exercent légitimement de droit de chasser. Je comprends donc que certains aient envie de s’enfermer chez eux. Mais je ne peux pas accepter que certains aient envie de vivre dans une cage à ciel ouvert. Cela va à l’encontre des continuums écologiques, de la biodiversité et des trames vertes. Cela va aussi à l’encontre de l’image de la chasse. Il faut arrêter l’hémorragie, voire revenir en arrière et enlever ces 4 000 km de grillages solognots. La question ne s’arrête d’ailleurs pas aux frontières de la Sologne.

LPS : Qu’en est-il de la nouvelle éco-contribution des chasseurs mise en place au 1er juillet 2019 ?
WS : Les chasseurs ont longtemps pensé que pour bien vivre, il fallait vivre caché. Les bons messages ne sont donc pas passés et l’image du chasseur « barbare » demeure. Il a pourtant une vraie fonction dans l’économie et dans la nature, qu’on le veuille ou non. Le poids éco-systémique de la chasse sur le territoire français est de 4 M€. C’est considérable.
L’éco-contribution de 5€, prélevée sur le permis de chasse représente 16M€ (NDLR : l’État abonde de 10€ – la Région Centre perçoit de 900 000€). Avec, nous avons des actions, validées par l’Office français de la biodiversité (cf. encadré), pour l’aménagement du territoire et de la biodiversité. Pas directement liées à l’action de chasse, comme la restauration des bords de champs ou de chemins, dans lesquels on réintroduit des lieux de vies d’insectes ou d’espèces végétales. On relie ainsi les territoires, sans sanctuariser des espaces protégés. Ces liens sont accessibles aux promeneurs, aux vététistes. Tout cela doit se faire avec les hommes et pas contre les hommes.

LPS : Quel est aujourd’hui, le sujet qui vous préoccupe en France ?
WS : Il y en a plusieurs, mais le principal est l’état d’esprit dans lequel on est en train de basculer. La monté de la haine et de l’intolérance. Chasse et agribashing, nous sommes en première ligne. Aux agressions verbales s’ajoutent désormais les actions violentes. La Sologne est une exception, mais il n’est pas un week-end en France où il n’y ait pas d’agression physique grave, relayée souvent sur les réseaux sociaux. Je remercie St Hubert qu’il n’y ait encore pas de mort, mais je suis inquiet pour notre avenir.
Le sénateur du Loiret Jean-Noël Cardoux, est à l’origine d’une proposition de loi pour le « délit d’entrave » dans le cadre des activités rurales et de chasse. Le texte est passé au Sénat en octobre dernier, il doit prochainement passer à l’Assemblée nationale. On en attend beaucoup.

LPS : Une nouveauté pour la sécurité à la chasse…
WS : Oui, sans doute à partir de juillet 2021 sera instituée la formation progressive de tous les chasseurs à la sécurité. Le permis aujourd’hui est pointu, (40% d’échec), mais les plus anciens n’ont jamais eu de formation pratique et donc pas de sensibilisation à la sécurité. Il y a quelques années encore, 80% des chasseurs chassaient le petit gibier. Est arrivée la chasse au grand gibier, et avec elle, le passage du fusil à la carabine, sans formation ni suivi. Le danger n’est évidemment pas le même. Une formation (pas un examen), sera donc désormais obligatoire tous les dix ans. Ce sera notifié sur le permis.

Entretien Stéphane de Laage

Quelques chiffres
L’OFB, Office français de la biodiversité, est un établissement public administré par 43 entités : chasseurs, pêcheurs, agriculteurs, propriétaires forestiers, collectivités, associations de protection de la nature, le muséum d’histoire naturelle et des scientifiques… Il opère sur l’entièreté du territoire national.

Il y a 1 040 000 chasseurs en France, 18 000 en Loiret et autant en Loir-et-Cher.