Lamotte- Beuvron – Des remèdes sortant de l’ordinaire…


Dans le cadre de la saison culturelle de la ville de Lamotte-Beuvron, le Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques de Sologne a conclu son cycle de trois conférences le 22 octobre avec les « Les animaux dans la médecine populaire en Sologne » sujet présenté par Bernard Heude.

Président du GRAHS, le conférencier faisant partie des trois personnes en France avoir un double doctorat en médecine vétérinaire et en histoire a présenté diverses recettes médicinales traditionnelles dont il a eu connaissance depuis 1965 auprès d’anciens Solognots, à l’époque où il était vétérinaire à Lamotte-Beuvron. L’usage de substances d’origine animale pour soigner les humains et les bestiaux remonte à l’Antiquité, les Egyptiens à l’époque des Pharaons utilisant entres autre la graisse de bouc et d’hippopotame pour soigner les tumeurs.

Au XVIIIe siècle, en Sologne, il était courant de soigner un panaris avec les excréments du malade, d’uriner sur ses blessures, de mettre de la bouse de vache sur les brûlures ou encore de mettre des cataplasmes de fiente de brebis sur les hernies. A l’époque, point de médecin ou de vétérinaires dans nos campagnes, les détenteurs du savoir guérir étant les maréchaux-ferrants, les charrons, les tuiliers, les bouchers et les marchands de bestiaux.

Les remèdes relevaient de l’observation comme faire boire du sang de vache chaud aux enfants anémiés ou mettre de la crème fraîche recouverte d’une feuille de chou pour traiter l’acné ; de l’analogie : manger une vulve de truie pour soigner l’incontinence urinaire, par exemple ; ou du transfert du mal sur un animal détesté comme mettre un crapaud sur une tumeur cancéreuse.

D’autres recettes plus fantaisistes relevaient plus de la croyance populaire que de la science : faire étouffer une taupe mâle par un enfant qui souffrait de convulsions, traiter les verrues avec du sang menstruel, garantir la fécondité en mettant la délivre d’une jument dans un chêne creux ou porter en collier un sachet contenant des poils de boucs pour se protéger de la grippe.

Jusqu’à la fin du XXe siècle, les Solognots avaient recours à des toucheux qui, présents dans tous les villages, soignaient les gens et les animaux,  à l’exemple de la P’tite Louise à Pierrefitte-sur-Sauldre ou la mère Joly à Vouzon. Se soigner passait aussi par le recours à la religion, via des prières contenues dans des livrets vendus par les colporteurs sous le titre « Médecin des pauvres », la bénédiction des animaux par le curé de la paroisse en cas d’épizootie, pratique existant jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle.

En dernière chance, on avait recours à la sorcellerie et aux « J’teux de sorts ».On disait jusqu’à la fin du XIXe siècle qu’il y avait des sabbats de sorciers et de birettes place de la Chauvellerie à Neung-sur- Beuvron, au chêne de Miberlan à Yvoy-le-Marron et et à la Croix des Ordonnières, situé au croisement des routes allant à la Ferté Imbault et à Selles-Saint-Denis en venant de Saint-Viâtre.

« Il ne faut pas juger les anciens car ils faisaient avec ce qu’ils avaient. Notre génération qui a détruit bon nombre d’espèces animales n’est pas irréprochable », conclut avec justesse Bernard Heude.

Le GRAHS tiendra son assemblée générale début février, organisera une semaine culturelle du 27 février au 3 mars avant le Printemps des Livres qui se tiendra les 2 et 3 mars.

F.M.