Littérature – Chaos ou fin du monde ?


Ne pas voir ou affronter la réalité… Dire que nous dansons sur un volcan n’est plus de mise… Le dérèglement climatique nous promet de « chaudes réjouissances » et peut nous conduire à la fin d’un monde tandis que d’un moment à l’autre, un conflit nucléaire peut être déclenché et nous mener à la fin du monde ; nous avons de tels irresponsables à la tête de la planète qui dans une totale inconscience semblent prêts à conduire le monde à sa perte… A-t-on le choix entre les fins de mois difficiles et la fin du monde ? Et si nous nous forcions à regarder les choses en face…pour ne pas tomber dans le « je ne veux pas voir et je continue à faire n’importe quoi » ou le catastrophisme désabusé « de toute façon, c’est foutu ! » mais simplement à rester des humains, des hommes qui depuis la nuit des temps, ont su s’adapter et faire face pour que leur espèce survive. C’est ce que propose un gars bien de chez nous, Didier Callot, devenu un romancier fougueux, qui après nous avoir livré La Gitane et son Bohémien aux yeux clairs, nous plonge avec Pachacuti, au cœur d’une guerre nucléaire.

Pachacuti

J’avoue que la première fois que j’ai lu ce roman, j’ai été terrifiée et me suis demandé comment et avec quel talent, il nous plongeait dans « l’inéluctable », dans « le plus que certain », dans le « proche immédiat », puis je l’ai relu et alors, j’ai appris à mieux regarder les pistes de survie qu’il nous propose, la piste de l’amour et de l’espoir, ce formidable espoir qu’il distille à la suite de son ingénieur nucléaire dans sa quête post-apocalyptique vers une Amazonie, sorte de refuge paradis terrestre fragile. S’émerveiller devant l’immensité de la nature et de l’amour, peut-être est-ce cela l’antidote ? Voilà ce que la lecture de Pachacuti (le chaos chez les Incas) nous propose, et avec ce roman, nous nous posons la vraie question : Sommes-nous arrivés à la fin d’un quatrième monde comme ce peuple sacré le prédisait pour basculer dans un cinquième monde ? Ou simplement « réveillés », nous penserons qu’il est  encore temps d’arrêter la catastrophe, de figer la vague destructrice, et sans être naïf de rester optimiste… Peut-être qu’anticiper l’inexorable, c’est triompher de l’avenir… croyons le avec ce roman qui se voulait d’anticipation et qui est devenu aujourd’hui un roman d’actualité sur la métamorphose par laquelle il nous faudra passer pour survivre.

Marie du Berry

Pachacuti, éditions Marivole, 19,90 euros