Pourquoi je ne serai jamais curé… par Fabrice Simoes



« Ce n’est pas juste de se débarrasser d’un être humain, même petit, pour résoudre un problème. C’est comme avoir recours à un tueur à gages pour résoudre un problème… Interrompre une grossesse, c’est comme éliminer quelqu’un ». C’est à l’écoute de cet anathème du pape François contre l’IVG que, définitivement, j’ai décidé de ne jamais devenir curé. Vous conviendrez aussi que revêtir la soutane à un âge quasi canonique entrait très facilement dans le domaine de l’improbable.
« Quiconque envoie un enfant normal dans une école laïque se retrouve avec un démon ». C’est à l’écoute de cette harangue contre la laîcité, mais pas seulement, du rabbin Ovadia Yossef, l’une des personnalités les plus influentes de la vie politique et religieuse d’Israël jusqu’à son décès en 2013, que la religion juive n’était pas entrée dans mes options de vie spirituelle. En plus, toucher à l’intégrité physique de ses fidèles, ce n’est décidément pas une chose à faire. Et puis la tête trop proche d’un mur, avec le manque d’équilibre qui caractérise votre serviteur c’était immanquablement la direction des urgences avec une fracture du crâne à la clef. Comme l’engorgement des accueils hospitaliers est de plus en plus notable, pas question d’ajouter du stress au stress.
Le patron auto-proclamé du califat, Abou Bakr al-Baghdadi, lance le Djihad et veut massacrer de l’Infidèle. C’est à l’écoute de ces appels au meurtre que se tourner vers l’Islam est devenu une impossibilité. Déjà que l’éventualité n’était pas envisagée. Ce n’est pas que vivre au paradis entourés de vierges aux yeux noirs ne paraisse pas une proposition attirante, que nenni, mais pour le moment il semble que l’on ne soit pas si mal que ça, sur cette planète, à consommer l’eau d’ici plutôt que radicalement aller boire l’au-delà.
En vérité je vous le dis, quelque soit son nom, si celui que l’on qualifie de Dieu existe je souhaiterais, et certainement d’autres avec moi, qu’il m’oublie. Qu’il nous oublie.
On aurait pu trouver aussi tout un tas d’autres religions, Boudha et ses bonzes, Jévéhor et ses bouteilles étoilées, tout un tas de monothéisme éthérés, éclairés, enterrés, assumés et toujours encensés. On peut aussi se complaire dans d’autres chapelles au nombre de pratiquants, d’adhérents, de fidèles, plus ou moins nombreux mais tout autant communautaires et sectaires.
Ne pas entrer en religion, même un petit peu et quelque soit le rite, n’est finalement que faire acte de croyance en autre chose qu’à des dogmes créés par d’autres. C’est ne pas s’ancrer dans une philosophie de masse. Un discours fait pour conduire les moutons là où l’on veut qu’ils paissent. C’est vouloir échapper à la pensée unique, linéaire, pas obligatoirement aseptisée mais toujours dirigée. Demander au respect d’une religion, c’est accepter de respecter ceux qui n’en ont pas et n’en veulent pas. Alors, lecteur, lectrice, pratiquant ou pas, choqué, ou pas, n’en veux pas au pauvre plumitif qui a mis sur le papier ces quelques lignes. N’oublie pas une chose, c’est que la mienne, de religion, est de ne pas en avoir justement. Soyons donc clair : lâchez moi la grappe avec vos dieux, veaux, vaches, cochons, couvées…
Surtout, pas encore saint mais déjà bel apôtre, Donald Trump est le représentant de l’un de ces multiples cultes portés sur le devant des autels. Outre la très presbytérienne église américaine, le président des Usaniens se veut le héraut de la confession du billet vert et de ce qui va avec. Fier de lui quand il se sublime par un assez frais « Une partie de ma beauté, c’est que je suis riche », il représente ce que vous, moi, et beaucoup d’autres, ne seront jamais, un riche souvent menteur, peut-être voleur. Même pas Arsène Lupin tant la partie gentleman aurait été supprimée dans la qualification du héros de Maurice Leblanc.
Portés aux nues, auréoles au-dessus de la tête, parfois sous les bras, les élus qui sortent de I’école de formation de l’élite française viennent d’encaisser un gros choc. C’est que l’ENA, ce monument institutionnel où des grosses têtes se forgent l’idée que la santé est un produit commercial comme un autre, que l’homme bon est forcément riche, beau, intelligent et porte costard, cravate, que la femme bonne ne l’est pas à tout faire, mais porte robe de soirée et collier de perles, et que le manant doit le rester pour faire le service, est infoutue de gérer ses propres comptes. Plus de 3 millions de déficit. On a fermé des hôpitaux pour moins que ça… Faut vous dire Monsieur que chez ces gens-là, on ne pense pas Monsieur, on ne pense pas, on prie, avait écrit Brel même s’il ne pensait certainement pas à eux. Il aurait pû ajouter « pour que ça fonctionne ». Pour l’heure, j’adresse une prière, la première et la dernière, moi qui ne sera jamais dans les promos : pourvu que ces gaziers là échouent à l’examen d’énarques… La situation est déjà assez compliquée comme ça, non ? L’intelligence portée au niveau de la déification, au final, ça ne marche donc pas non plus. Décidément…
Le prochain billet d’humeur sera consacré à quelque chose de nettement plus sérieux : pourquoi les couettes de Fifi Brindacier sont le plus souvent attachées par des élastiques plutôt que par des petits nœuds en tissu ?