Environnement – La vase revient sur les Marais de Bourges


Les maraîchers inquiets du retour des boues dans les coulants.

Classés en juillet 2003 au titre de la protection des sites naturels, ce site merveilleux des Marais, aux portes de la Ville de Bourges est, on le sait, un éco système fragile qui doit être surveillé de très près. C’est ce que font les deux associations vigies de ce site.
France Camuzat président de l’Association des Maraichers de Bourges, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme face à ces deux problèmes récurrents qui concernent les marais d’en haut où les coulants et fossés dévasés en janvier 2014 sont à refaire et ceux d’en bas qui, à la moindre crue sont envahis par l’eau, inondant ainsi des parcelles de marais. Il y a donc grande urgence à traiter ces problèmes, notamment sur les marais d’en haut et cette réinstallation rapide, en quatre années, de vase et détritus en tous genres. La rivière « égout » du Langis est une nouvelle fois mise en accusation, elle transforme les fossés de ce secteur en dépotoir. « Ces problèmes sont récurrents car déjà abordés depuis 2014, souligne France Camuzat mais leur traitement, aujourd’hui, est urgent. Nous nous sommes félicités du curage entrepris par la ville de Bourges tout en précisant que ce curatif ne suffisait pas et qu’il fallait du préventif car la recharge en terre et détritus de toutes sortes est rapide. Nous en avons la preuve aujourd’hui où les coulants et fossés dévasés en janvier 2014 sont à refaire. Il existe un énorme souci et même si la ville disposait de moyens financiers cela ne serait pas possible de décharger la terre sur les parcelles tous les 5 ans. Cela en supposant que les analyses de vase, obligatoires ne révèlent pas d’excès d’hydrocarbures ou de métaux lourds comme ce fut le cas en 2016 pour le coulant de la première allée. Deux possibilités étaient envisagées : exporter ces vases sur des sites spécialisés (coûteux) soit les laisser en place, c’est que la ville a fait ».

La mis en cause des crues du Langis
Beaucoup s’interrogent et avancent comme responsable au retour de la vase les crues du Langis. « Une sensible augmentation des crues du Langis est avérée mais cela ne suffit pas à expliquer cet excès de dépôt. Qu’y a t-il d’autres en dehors des eaux pluviales non décantées qui se déversent dans le Langis (situation connue et exposée dans le document du SAGE* adopté en 2014). C‘est une situation d’urgence car il s’agit de protéger nos marais classés, la faune et flore sont très impactées ainsi que le captage d’eau potable de Saint Ursin. Une solution a été proposée depuis le 14 décembre 2001 au cours de la commission des sites perspectives et paysages en préfecture : organiser en amont des décantations sur le Langis en toute priorité (l’Yèvre étant moins impactée). Le SIVY** a entrepris des travaux de renaturalisation des cours d’eau de la Vallée de l’Yèvre. Cela est très important mais les pollutions ne sont pas traitées. Le Langis n’est pas encore concerné. Ces travaux n’auront d’effets positifs pour les marais qu’à long terme ».
Pour les marais d’en bas, les causes sont là aussi connues. « La dégradation de trois barrages amont qui déversent une partie de eaux dans le grand canal de desséchement et la dégradations des berges gauches (l’Yèvre) et droites (Yèvrette) qui renvoient aussi les eaux dans le même canal, lequel se jette dans la Voisselle, à l’entrée des marais, en sont les responsables ».
A leur dernière assemblée générale, les maraîchers de Bourges ont reçu la colère et le ras le bol de leurs collègues qui, pour certains, notamment ceux d’en bas, abandonnent les parcelles avec les conséquences de retour aux marécages. L’association attend des autorités un passage concret à l’acte : « le 15 février dernier nous avons participé à une réunion initiée par la DDT à laquelle nous avions demandé à être reçus le 21 mars 2017… La tonalité positive de cette réunion se concrétisera t-elle ? Nous l’espérons vivement dans l’intérêt commun des marais ».
Jacques Feuillet

*SAGE : Schéma d’aménagement et de gestion des eaux

**SIVY : Syndicat intercommunal de la vallée de l’Yèvre