Énergie : pour la Ville et l’agglomération, il n’y a pas de “petites économies”


L’épaisseur du dossier de presse est en résonance avec l’importance du défi à relever. Afin d’éviter le black-out et surtout d’attaquer l’os de ses finances, ici comme ailleurs, et plus qu’hier, les élus doivent opérer des choix.
Comme d’autres communes et collectivités, la Ville de Blois, Agglopolys et aussi le CIAS (Centre intercommunal d’action sociale) affirment qu’ils et elles n’ont pas attendu les prérogatives de sobriété (et de col roulé) pour agir concrètement et se préoccuper du sujet. Il n’empêche que le contexte actuel stoppe la procrastination et contraint la prise de décisions à se précipiter. À Blois, les actions sont par voie de conséquence amplifiées, en matière d’économies d’énergie. Deux traditionnelles cérémonies de voeux à la Halle aux grains, l’une aux élus et personnalités et l’autre aux personnels, en janvier 2023, seront par exemple sacrifiées sur l’autel de la crise énergétique et financière, après le Covid entravant. Le maire Marc Gricourt (PS) ne peut pas certifier si ce ne sera que cette fois, il peut justifier par contre ce couperet. “Ces deux soirées nous coûtent 20 000 euros (car traiteur, etc.). Les cérémonies de voeux dans les quartiers sont par contre maintenues. Nous supprimerons de plus la carte de voeux papier au profit d’une version numérique. Il n’y a pas de petites économies.” Les pique-assiettes coutumiers des buffets et fins amateurs de petits fours s’en émouvront sans doute ; les autres, moins férus de mondanités, y verront l’occasion d’échapper à l’obligation de longs discours de début d’année. Mais le plan sobre de Blois ne saurait, évidemment, s’arrêter seulement sur une question de soirées avortées. Le dossier de presse fait 33 pages… Il est possible donc en sus de parler décorations de Noël pendant que nous sommes en train d’aborder la partie festivités. Qu’en est-il sur ces bords de Loire ? Faudra-t-il sortir les bougies et sortir ses yeux de chat ? À compter de la fin du mois de novembre 2022, la Ville va réduire la durée de l’éclairage de Noël, de 17h30 à 22h en semaine, et de 17h30 à 23h30 le weekend, et jusqu’à 2h du matin pour les deux réveillons; soit 1h de moins par jour, sachant qu’une heure d’extinction permet d’économiser 1 000 kWh. Des décorations sans consommation électrique sont envisagées en outre.

Cinq chapitres, et autant de mesures pour éclairer, sans trop consommer
Revenons à Blois : quid de la patinoire, souvent décriée par la minorité d’écologistes au sein de la majorité ? Elle sera remplacée, sans doute pas avant 2024, par d’autres animations, le contrat étant engagé et signé, alors en attendant, la municipalité précise qu’une clause environnementale forte a été imposée dans le cahier des charges depuis plusieurs années pour cette patinoire, place de la République, c’est-à-dire moins 20% de la consommation d’eau, moins 20% de la consommation d’énergie, plus une compensation carbone (97 arbres offerts à Blois par le prestataire). Aussi, pêle-mêle, la Ville de Blois, Agglopolys et donc le CIAS prévoient, au fil de cinq chapitres détaillés, la poursuite du plan de rénovation énergétique des bâtiments publics; la conduite de plusieurs expérimentations dès 2023 pour un éclairage public plus économe (déploiement d’un déclenchement de présence, non allumage partiel l’été pour les rues encore éclairées, balisage lumineux sur le pont Charles-de-Gaulle, etc.); l’objectif d’économiser l’eau (récupération de chaleur dans les eaux de sortie des stations d’épuration et du réseau d’assainissement par ailleurs) et de renforcer la végétalisation de la Ville (création de jardins partagés, d’un parc agricole naturel urbain à la bouillie par l’agglomération, etc.); le développement de mobilités douces et d’énergies non polluantes; la recherche d’indépendance énergétique (ombrière photovoltaïque au jeu de Paume à Blois, production photovoltaïque à Vineuil, méthanisation à Fossé, entre autres pistes); l’incitation à la réduction des déchets et l’accompagnement des entreprises dans la transition écologique; le verdissement de la flotte des moyens de déplacements (suppression de 21 véhicules Ville / Agglopolys / CIAS, réflexion en cours sur l’hydrogène en lien avec l’entreprise BorgWarner (ex-Delphi)) ; la suppression des chauffages d’appoint et la réduction du chauffage dans les bâtiments publics de Blois et Agglopolys… La belle liste est longue, les bonnes volontés sont imprimées sur le papier. Il faut maintenant mettre tout ça en pratique sur le terrain, surtout. Et la lumière sera ? Si jamais le conflit russo-ukrainien perdure, la facture de gaz et d’électricité de Blois pourrait s’élever à 5 M€ en 2023 (2,9 M€ fin 2022). À suivre. En tout cas, signe que la morosité ambiante mine et éteint, pour motiver les troupes, le président d’Agglopolys, Christophe Degruelle (PS), aura cité au cours de ce point presse consacré à la sobriété, un ancien Président de la République française … Nicolas Sarkozy. Si. “Il l’a souvent répété,” a repris M. Degruelle. “Au début, je fonce; ensuite, j’accélère”. Et le conseiller délégué, Yann Laffont (EELV), pour donner du courage, d’inviter un pays qui ne fait pas toujours l’unanimité, : “comme les Chinois le disent, une crise est une opportunité de se réinventer,” a-t-il souligné. Oublié le scooter du socialiste François Hollande, même pas évoqué, peut-être trop polluant. Définitivement, les temps sont durs ! Il nous reste l’humour qui est offert gracieusement.
É. Rencien