Stop ou encore? Par Gérard Bardon


 

Malgré le vote de la loi interdisant la fessée, comme disait Raymond Queneau, « j’ai une fessée rentrée dans le creux de ma main ». Cela m’a démangé en entendant ce bougre de Yann Moix, habitué aux conneries provocantes, insulter les femmes de plus de 50 ans mais j’y ai renoncé, car allez savoir, peut-être qu’il aime ça! Puis, bien que la violence réfléchie ne soit pas une réponse à la violence imbécile, j’ai ressenti une grosse envie de filer une bonne baffe au boxeur de Massy, rassurez-vous, de loin et par l’intermédiaire de mon billet, je ne suis pas idiot à ce point, ainsi qu’aux inconscients ayant participé à la collecte en sa faveur. Ancien judoka, je trouve inadmissible que l’on puisse se servir des enseignements tirés de l’apprentissage d’un sport de combat. Ces derniers comportent des règles, des codes, qui plus est contre un représentant de l’ordre républicain. Représentants qui font preuve d’un courage, d’une retenue, d’un professionnalisme peu courant dans le monde. Bravo Mesdames, Messieurs! C’est rassurant, pour nous et pour eux, de voir que plus de 50 000 personnes ont versé plus d’un million d’euros dans une cagnotte en faveur de nos forces de sécurité.

Une dernière intervention sur le côté brutal, haineux du mouvement des Gilets Jaunes, promis, c’est la dernière.

Au départ ce mouvement était intéressant, nouveau, il donnait de l’air: refus d’un pouvoir trop centralisateur incapable de prendre en considération la classe moyenne, taxations et interdits à répétition, territoires délaissés… il a d’ailleurs obtenu quelques résultats mais il est devenu une addition de dérives individuelles, de jalousies, de revendications hétéroclites et même de dangereuses glissades. Incapables de démêler le bon grain des premiers jours de l’ivraie de la récupération et de la manipulation, ils se sont faits confisquer leur enthousiasme par des extrémistes et des agitateurs. Les GJ ne savent plus s’arrêter ni expliquer calmement et rationnellement le but qu’ils poursuivent. Il faut savoir terminer une grève dès qu’une certaine satisfaction a été obtenue comme l’a dit le patron du PCF Maurice Thorez. Il faut même savoir consentir à des compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées. Mais qui parmi la horde de Gilets jaunes aura la hauteur de vue et le recul nécessaires pour prendre ce chemin et surtout y aura-t-il parmi eux quelqu’un d’assez respecté pour être entendu ?

Se vêtir d’un blouson couleur jonquille ne suffit pas à revendiquer le monopole du peuple ni à transformer des revendications désordonnées et contradictoires en paroles d’évangile: 50 000 salariés au chômage partiel, des centaines de licenciements, des millions de dégâts, les entraves à la liberté de circulation, une croissance économique durablement revue à la baisse, l’attirance touristique de la France écornée, des journalistes, des élus de la République menacés de mort, des violences haineuses envers les CRS, les policiers, les gendarmes, des tentatives d’intrusion dans les locaux du porte-parole du gouvernement, dans les permanences LREM, dans les maisons des élus, des thèses complotistes, racistes, antisémites, des fake news entendues ici ou là… C’est fatiguant, angoissant, contre-productif, le peuple français, y compris les sympathisants du mouvement, commencent à se lasser. Et si on tirait le rideau et que l’on passe à la phase suivante, c’est-à-dire au grand débat. On peut comprendre qu’on puisse éprouver un certain bonheur à se retrouver, sur des ronds-points par exemple, pour parler de ses misères, de ses souffrances, de son mal être, ensemble en fraternisant, en partageant. On peut comprendre que cet enthousiasme soit euphorisant, enivrant mais la France, notre république, notre démocratie ne peuvent se gouverner ainsi, à coup de manif, de casses, d’entraves, de brutalités, de Réferendum d’Initiatives citoyenne!

A propos du RIC, proposition alléchante à première vue car donner la parole au peuple semble une bonne chose, mais avec un très fort et très réfléchi encadrement (questions, quotas…) pour éviter la cacophonie et la démagogie. La rancoeur, la jalousie, l’envie, la haine… ne sont pas de bonnes conseillères. Certes Il y a urgence absolue à admettre que l’expression de la démocratie par le seul vote a vécu et qu’il est temps d’instaurer davantage de participation et de délibération dans la vie politique.  Cette proposition présentée comme nouvelle figurait dans presque tous les programmes des candidats à la dernière Présidentielle. Elle a une longue histoire, plutôt marquée politiquement aux extrêmes où la démagogie-caresse dans le sens du poil est une seconde nature. Savez-vous qu’avec le RIC, la peine de mort n’aurait pas été abolie, que la contraception n’existerait pas ou encore que le droit à l’avortement, au mariage pour tous et le Pacs seraient toujours dans les tuyaux? J’en propose un : retour au septennat et à la possibilité de cumuler deux mandats électifs. Où sont nos députés-maires d’antan?

Alors: RIC, RIC, RIC, Hourra! ou RIC, RIC, RIC, Hou la la… Notre nation, l’une des plus libres, des plus protectrices, des plus redistibutristes est décrite par certains comme une dictature abominable: « je me crois en enfer, donc j’y suis » a écrit Rimbaud. Méfions-nous qu’elle ne le devienne pas!