La Chaussée-Saint-Victor : Les Joyeuseries ont retrouvé leurs fans de la bonne humeur


Comme bien d’autres rendez-vous artistiques et culturels, le quatrième festival des Joyeuseries du 6 au 8 mai au Carroir de La Chaussée-Saint-Victor offrait un goût de renouveau et de confiance, enfin, retrouvés, tout en restant prudents, la Covid n’étant elle pas un gag, loin de là.
Plus de 1 600 afficionados de ce tout jeune festival né en 2018 ont conforté les organisateurs dans leur engouement à tout entreprendre pour que le show se poursuive à nouveau et reprenne ses droits. Et dans la joie si possible, le temps de cette première semaine de mai tant chargée de promesses heureuses, entre deux élections! Si les deux têtes d’affiches de cette 4e édition, Arnaud Tsamère et Laurent Baffie, ont empli, chacun, la salle de 330 places, le reste du programme ainsi que la partie Off n’ont pas déçu les présents tant ce fut éclectique, enjoué, chaud, dansant, rythmé et participatif. Les deux invités vedettes, chacun dans leur style propre et convaincant, ont séduit un public quelque peu cueilli à froid par les saillies de Laurent qui, avec sa faconde naturelle et décontractée, se révèle quand même un digne représentant de la lignée Hara-Kiri et Charlie-Hebdo, avec une fragrance dégageant une signature «affreux, sale et méchant». Il a rudoyé quelques-uns de ses conviés appelés à monter sur scène et a, un peu, choqué un public pas trop formé à l’école précitée, celle de feu le professeur Choron et de ses acolytes (alcooliques?) de la belle époque. Quant à Arnaud, en fin lettré, l’artiste a accepté, sans broncher, l’annonce du cancer mortel de son père, mais a rejeté, en le savonnant grave, l’oralité du docte professeur en médecine qui cite un «pancréasse» sans espoir de longue vie, tout comme les huiz’infirmiers annoncés dans le service ou les z’haricots verts, inscrits au menu du jour. Un peu invraisemblable par contre sa participation au remariage de son ex dans la même église que celle où il a convolé en premières noces avec sa promise.

En France, on peut encore rire de tout
Car, sauf changement de dernière minute dans la vie de l’Église, il n’y a pas possibilité de se remarier devant le même prêtre dans le même édifice. Mais, pourquoi ne pas anticiper sur une réforme éventuelle de ce qui existe depuis la nuit des temps. Le monde moderne va si vite. Revenons à Laurent qui se moque de tout et de rien jonglant avec le jeu de mots qui donnent des maux de tête aux spectateurs qui essaient de le suivre dans ses délires impossibles à reproduire dans ces colonnes sans risquer une con..pas raison devant la Justice. Une répartie, parmi d’autres, pose la question de savoir si un antisémite se trouve à l’aise en vivant à Villejuif ? Toujours est-il que même si certains ont été déstabilisés par les deux stars de cette édition, peu importe ce qu’en pensent les braves gens… Il est réconfortant de constater qu’en France on peut, encore, rire de tout, mais pas avec n’importe qui. Comme disait le regretté Pierre Desproges parti aux cieux, ou en enfer, avec un cancer dont on ne sait même pas si c’était du pancréas… Alors mourir du crabe ou d’une crise de fous rires, le choix est vite fait pour des éclats de rigolades aux Joyeuseries, bien moins cruels que les éclats des bombes.
Jules Zérizer