« Le malheur des uns fait le bonheur des autres »


L’épidémie et/ou la pandémie engendrée par la circulation du virus nommé « Covid 19 » trimballe avec lui son lot de tourments quotidiens. Il n’est pas une seule heure du jour et de la nuit sans que les radios et télévisions, chaînes d’informations continues, nous rapportent le nombre de contaminés et avec lui, au gré de statistiques contradictoires, ses courbes descendantes ou ses croissances exponentielles. Et, pareil à des moulins à prières, on nous répète, sans cesse, le nombre de nouveaux décès et d’hospitalisations journalières, on nous entretient des impacts psychologiques de la maladie sur l’humeur des populations et l’on nous annonce les craintes d’une deuxième vague. Ici, sur telle antenne, on nous parle de l’extrême solitude des personnes âgées coupées du monde, enfermées dans les maisons de retraites ; là, sur les chaînes télé, on nous rappelle l’impossibilité des familles d’accompagner les victimes du virus jusqu’à leur dernière demeure ; là encore et ailleurs dans les journaux, on nous indique le prix des amendes et – à la troisième récidive – des éventuelles peines de prison si l’on enfreint les restrictions ou les interdictions (qui se généralisent) des réunions amicales, familiales, des fêtes populaires, des mariages et autres manifestations publiques au regard de la « crise sanitaire », et ailleurs on déplore (avec raison) les conséquences économiques au sein des foyers les plus pauvres ou sur les commerces de proximité et les petites et moyennes entreprises.
Personne, et surtout chez les petites gens, n’est épargné par les effets néfastes de la « Covid-19 ». Ainsi, si l’on se réfère au dernier rapport, publié le 23 septembre dernier, de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), agence spécialisée de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) dont le siège est à Genève, la baisse concernant les revenus du travail des pays les plus touchés par la maladie serait de 3 milliards d’euros et la diminution des heures de travail équivaudrait, dans le monde, à une perte de 495 millions d’emplois à plein temps. Au-delà de ce que beaucoup d’économistes qualifient de situation « catastrophique » sans qu’ils puissent dire ce qui sera fait demain, ce sont -déjà- des millions de familles qui voient grignoter, chaque jour et un peu plus, leurs sources de revenus. Elles subissent, impuissantes devant un phénomène humain et économique inédit, une détérioration de la qualité de vie au point où, les plus pessimistes des « experts en tous genres » prévoient un « un accroissement accéléré » du nombre de foyers qui sombreront bientôt sous le seuil de pauvreté. Et encore, pour être complet sur le triste constat des effets de la présence du virus, il nous faut noter l’inéluctable dégradation des rapports sociaux. La Covid-19 a une particularité : elle est partout, dans le monde entier. C’est sa spécificité. Alors, face à ce premier malheur mondialisé, on aurait pu croire que la haute finance se serait sentie solidaire dans la lutte – et par mille moyens – contre la pandémie. Que nenni ! Le souci primordial de certains est de se faire du fric et… beaucoup. Profiter de la Covid -19,
profiter du mal qui frappe tous les continents est, en ce moment, le meilleur moyen de faire fortune selon de distingués économistes. Quant à ceux qui connaissent déjà l’opulence et l’extrême richesse, ils réalisent en ce moment « le plus grand casse du siècle », affirme le très réputé analyste des marchés, Nicolas Chéron. Ainsi, une minorité sociale qualifiée par les organismes officiels mondiaux de l’économie, de « riches », spéculent sur la quasi-totalité, petites et grandes, des entreprises qui participent à la lutte contre le coronavirus. Si l’on se réfère à l’OXAM, une ONG connue et réputée en Occident, un rapport daté du 10 septembre dernier et rapporté par le « Figaro » du 1er octobre précise que « la crise Covid-19, de la mi-mars à la fin de la mi-mai 2020, a rapporté aux 25 milliardaires les plus riches de la planète 255 milliards de dollars soit environ 218 milliards d’euros. » Des chiffres qui ne permettent peut-être pas d’apprécier à sa juste valeur le montant de tels bénéfices. Prenons donc un exemple concret : Jeff Bezoz, le « big boss » d’Amazon, pourrait avec le surplus d’argent gagné en trois mois verser (s’il l’avait voulu) une prime de 105 000 dollars à chacun de ses 876 000 salariés (dont les 10 000 qui travaillent en France) et -attention ! – sans que cela n’affecte d’un seul centime sa fortune actuelle. D’autres sommes vertigineuses ont rejoint les caisses de firmes et sociétés internationales. Ainsi, 23 entreprises françaises cotées au CAC 40 ont engrangé de si grands bénéfices pendant le confinement qu’elles ont versé, en dividendes, à leurs actionnaires, 37 milliards d’euros ; une entreprise française spécialisée dans les tests de dépistages de la Covid-19 a connu une hausse boursière de 3000 % ; un fabricant de gants à usage unique installé en Malaisie a vu, en quelques semaines, bondir le prix de ses actions de 500% ; ailleurs un Français, dirigeant d’entreprise aux États-Unis engagée dans la recherche d’un hypothétique vaccin, a publié un simple communiqué censé informer les journalistes des résultats très partiels de ses premiers tests. Aussitôt, des spéculateurs, sans même savoir si un jour un vaccin serait mis sur le marché, l’ont rendu milliardaire en une seule journée. En effet, le seul espoir de gagner de l’argent sur une supposée réussite a fait exploser l’action de sa société durant une séance à Wall Street. Sachez enfin que la fortune des 21 personnes les plus riches du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord a augmenté, toujours pendant le confinement, de près de 10 milliards de dollars. Une somme, selon OXAM, qui représente plus du double du besoin en capitaux estimés pour reconstruire Beyrouth.
Pour savoir qui bénéficie des sommes colossales gagnées par les spéculateurs il suffit de reprendre l’information donnée récemment dans un numéro du « New York Times » qui nous dit que « 84 % des actions détenues dans le monde appartiennent à 10% des personnes les plus riches du monde installées aux États Unis ».

Éric Yung