Romorantin/Villefranche-sur-Cher : Cap 2023 pour le biogaz


Comme beaucoup, la société par actions simplifiées (SAS) Bio Méthagri Romonestois (BMR) n’avait pas prévu la crise énergétique due à l’agression russe en Ukraine. Comment alors s’organiser ?
Le collectif qui regroupe 30 exploitations agricoles en polyculture et élevage avait, en 2018, posé sur la table de leurs interlocuteurs leur projet de méthanisation par envie d’agir et de se fédérer pour l’environnement. Il va de soi qu’une source de revenu complémentaire à leurs activités déjà diversifiées était aussi une bonne source de motivation. Il n’était pas question de notion de profit mais plutôt de survie. Aujourd’hui, leur projet d’injection de biogaz dans le réseau GRDF de Romorantin-Lanthenay, Villefranche-sur-Cher et secteurs limitrophes de Pruniers-en-Sologne, résonne autrement face à l’actualité. De nouvelles données de la BMR ont été communiquées à l’occasion d’une réunion qui se déroulait le 31 octobre 2022 à la ferme prunelloise de La Brigaudière, chez Mélanie Guilbert, établie en vente directe de volailles, confitures, miel, safran et gîte rural. Fabrice Marier, président de la SAS BMR, l’affirme : « Nous, agriculteurs, avons besoin de diversifier notre production. La crise sanitaire puis les conséquences de plus en plus concrètes du réchauffement climatique font de cela une nécessité. Notre projet, né en 2018, va se concrétiser dans le contexte d’une autre urgence : celle de la France à s’autosuffire énergétiquement le plus rapidement possible. Je suis fier d’annoncer que notre injection de biogaz est prévue pour alimenter sur une année la consommation en gaz de Romorantin, Villefranche et maisons prunelloises attenantes. Nous alimenterons également une station biogaz sur le futur site des plateformes des Grandes Bruyères.» Dans les années à venir, les consommateurs auront le choix entre biogaz et gaz naturel en majorité importé. « Ceci aura une incidence sur le prix de l’offre si d’autres comme nous permettent de se dégager du coût des importations énergétiques, » a-t-il ajouté.

Tradition et modernité
Ce projet de méthanisation est accompagné, depuis sa première pierre, par la Chambre d’Agriculture et par la Communauté de Communes du Romorantinais et du Monestois présidée par Jeanny Lorgeoux. Il s’est exprimé en ces termes à la veille de la levée de terre des infrastructures sur le site de la Gaillardière, proche de la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) des Grandes Bruyères à Villefranche : « La CCRM soutient avec force le maintien des agriculteurs et des cultivateurs sur notre terre. Elle soutient et salue leur initiative de construire une unité de méthanisation ancrée localement ; dans le respect de la tradition, de l’indépendance et de la modernité !». Ce projet, validé par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), consistera à apporter au méthaniseur reliquats de cantines, lisiers, fumiers, Cultures Intermédiaires à Vocation Environnementales (CIVE) pour produire ce gaz qui allégera la dépendance romorantinaise et francvilloise au gaz classique. Le cercle vertueux étendra ses rayons à deux autres sources de dépendance financière. En effet, la production de méthane laissera aux agriculteurs un « digestat » qui pourra être utilisé en tant que fertilisant naturel. De quoi alléger leur budget consacré aux solutions chimiques. De plus, le biogaz sera également injecté dans les points de distribution de carburant pour les véhicules GNV (Gaz Naturel Véhicule).

Fabien Tellier