Chasse du blaireau, suite : vers une évolution de la commission ?

En réponse au préfet de Loir-et-Cher, François Pesneau, qui déplorait de se faire insulter sur les réseaux sociaux, retardant le dialogue, les défenseurs du blaireau, contre la vénerie sous terre, remontent au créneau en mode apaisé, remarquant et explicitant, au milieu d’un dialogue jusqu’ici de sourds. Le sujet focalise cette fois sur le fonctionnement de la commission régulant vie et trépas du mammifère.
CDCFS. Comprenez Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage. Réglementée par les articles R421-29 à 32 du code de l’environnement. Présidée par le Préfet. Regroupant des chasseurs, des représentants agricoles et forestiers, des associations de protection de la nature et de l’environnement, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et la louveterie. Voilà pour la littérature administrative. Solange Matheron, retraitée résidant dans le Blaisois, fait partie de cette CDCFS en Loir-et-Cher, y siège depuis plus de vingt ans et connaît bien le sujet. Elle explicite concrètement, hors du jargon en vigueur. “Cette commission a été créée en 1985 par la ministre de l’environnement de l’époque, Huguette Bouchardeau (Gouvernement Fabius; personnalité un chouilla féministe et écologiste, ndrl). À ce moment-là, cela se justifiait car le monde cynégétique avait une vraie main mise sur la forêt. Cette commission a justement pour vocation de donner des points de vue parfois différents sur l’environnement, les animaux, etc. Mais elle se réunit deux à trois fois par an, avec beaucoup de chasseurs et peu de représentants d’associations de protection de la nature. Donc!” Vous l’aurez compris, Solange Matheron se situe plutôt du côté des défenseurs du blaireau et du vivant; certains l’auront aperçu dans les manifestations contre la vénerie sous terre du blaireau organisées à Blois, menées par Madame le maire de la commune de Valaire, Catherine Le Troquier, vent debout depuis au moins deux ans. “Près de trente-six ans se sont écoulés et rien n’a bougé. Cela génère des situations de blocage et des attaques devant la justice, et à chaque fois, rien ne peut avancer. Le souci de cette commission, c’est que chacun de nous peut voter mais certains sont à la fois juge et partie, alors il est certain que dans ce cas, cela ne sert à rien!”

Qui mettra de l’eau dans son vin et terrier ?
La dernière CDCFS s’est réunie en mai et une période de chasse complémentaire pour la chasse du blaireau a été accordée par le préfet François Pesneau. Ce dernier pour rappel s’est déclaré « prêt à discuter pour l’année prochaine.’ Mieux que rien, mais le représentant de l’État aura précisé. “La discussion ne peut être possible si mon arrêté est traîné devant le juge; si je me fais menacer sur les réseaux sociaux d’être tué comme le blaireau.” Solange Matheron, de son côté, ne voit pas « l’intérêt de participer à une réunion en visio qu’on nous propose maintenant, alors que tout est déjà décidé pour cette année.” Dialogue de sourds, encore une fois, alors que les amoureux des animaux rêvent à davantage, calmement. “Je ne suis pas, nous ne sommes pas anti-chasse, ni contre les types de chasse,” insiste encore Solange Matheron. “Mais les choses doivent évoluer si on veut demeurer dans un système démocratique. Pourquoi pas ne pas intégrer dans la CDCFS les utilisateurs de la nature comme les promeneurs, les amateurs de vélo, les associations contre l’engrillagement, etc. Il faudrait en tenir compte. On déterre cruellement le blaireau car soi-disant, c’est un animal nocturne, dur à apercevoir. Or, de septembre au début de l’année, on le tire bien au fusil, donc on le voit bien ! Puis, la période de chasse complémentaire, à partir du printemps-été, cible des adultes comme des petits, en les extirpant de leurs terriers avec des pinces. Le sanglier cause plus de dégâts, 600 000 € par an sur le Loir-et-Cher, par rapport au blaireau, 9 000 € estimés annuellement sur ce même département. Les naturalistes ne sont pas écoutés. Certains trouvent du plaisir à tuer des animaux, d’accord, mais le pouvoir et la voix de la chasse sont devenus trop importants. Les CDCFS sont devenues obsolètes. Il y a des choses avec lesquelles nous sommes d’accord, qui vont dans le bon sens comme la gestion de la perdrix. Mais il faut plus d’équilibre au sein de cette commission afin que des compromis puissent être plus facilement trouvés.” Concernant particulièrement la chasse du blaireau, vous l’aurez bien saisi…
É. Rencien