Engrillagement en Sologne : «Ce n’est pas un combat contre les grands propriétaires !»


Un débat était organisé à l’initiative de la région Centre-Val de Loire au cinéma Pathé d’Orléans le 8 septembre, concernant les grillages solognots entravant la libre circulation de la faune sauvage. Un collectif devrait voir le jour, dans l’attente d’une future loi.
Pendant cet été 2022, le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau (PS) et le cinéaste Nicolas Vanier, ont publié une tribune sur les risques d’incendies dans une Sologne engrillagée. Le duo avait produit un premier communiqué d’alerte en 2020 pour dénoncer ces hautes clôtures, abritant des domaines généralement dédiés à la chasse. Un texte relayé par divers médias, parmi lesquels votre Petit Solognot qui s’était vu gratifié dans son rôle d’information pour cette simple reprise, d’une plainte pour “complicité de diffamation”. “Merci Émilie, et aux journalistes qui écrivent sur ce sujet,” aura déclaré Alexandre Tinseau, directeur de cabinet du président Bonneau, à l’attention de la journaliste Émilie Rencien, et de sa directrice de publication, Frédérique Rose, présentes au cinéma Pathé à Orléans, le 8 septembre, dans le cadre donc d’un grand débat organisé par la Région, en compagnie de Marie et Raymond Louis, pour l’association des Amis des chemins de Sologne; Dominique Norguet pour le Comité Central Agricole de la Sologne; Jean-François Bernardin pour l’ACASCE, association des chasseurs et des Amis de la Sologne contre son engrillagement (1). Cette soirée n’avait pas pour objet de jeter opprobre et anathème. Après la projection de son film « l’École buissonnière », et d’un message vidéo de François Cluzet Nicolas Vanier fut pédagogue, ouvrant ainsi cette discussion orléanaise. “Ce n’est pas un combat contre les grands propriétaires. En Sologne, nous les accueillons à bras ouverts, certains sont respectueux de notre territoire,” a-t-il explicité. “Si les Solognots étaient Corses, il n’y aurait plus de grillages. C’est un combat contre ceux qui ne sont pas des chasseurs, mais des tireurs ! Je suis persuadé comme Victor Hugo, que les bonnes causes aboutissent.” Le colonel vétérinaire de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, Dominique Grandjean, a enfoncé le clou. « Je n’ai rien contre les gens riches. Mais je déteste les gens riches et cons!” François Bonneau a quant à lui assuré la création imminente d’un collectif. “Nous ressentirions une culpabilité collective si nous en restions là. Notre lutte n’est pas contre, mais pour un territoire solognot de progrès social ! » Par ailleurs, le député LREM du Cher, François Cormier-Bouligeon, va retravailler sa proposition de loi de 2021 (PPL, (2)), se chargeant de “convaincre Paris » pour selon lui “retrouver notre Sologne d’avant. Libre. Car cela fait trop longtemps que nous la voyons derrière ces barbelés. Ce qu’une loi a fait peut aussi défaire.” Il a enfin été rappelé qu’il est prohibé de viser son chien avec une arme chez soi, un flamant rose au zoo… Les chasseurs ont des droits et devoirs. “La chasse dans ses propriétés grillagées, c’est du ball-trap sur cibles vivantes,” a confirmé et déploré Raymond Louis.

Émilie Rencien
(1) Vus dans le public : l’auteure Marie du Berry; Danielle Attia-Schussler (Sologne Nature Environnement); Jean-François Bridet et Cécile Caillou-Robert (Conseil régional); Cédric Sabourdy (intercommunalité de Romorantin), etc. La menace de la peste porcine africaine et l’ordonnance de 1986 interdisant le piégeage animal ont été abordées.
(2) Les députés RN, Roger Chudeau (Loir-et-Cher) et Mathilde Paris (Loiret) amenderaient la PPL passée au vote en janvier 2022 au Sénat, signée par le sénateur Jean-Noël Cardoux (LR).

 

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Quid d’un éventuel parc national ?
En parallèle du sujet engrillagement, un autre projet refait surface après 20 ans de gestation. Cet été, une mission d’étude pour la création d’un douzième parc national en France, afin de protéger les zones humides, a été lancée; la Sologne figure parmi 18 sites présélectionnés. Certains Solognots y sont farouchement opposés. Interrogé, le préfet de Loir-et-Cher, François Pesneau, a répondu le 7 septembre, d’autant plus facilement qu’il a été désigné préfet coordonnateur de cette mission par la préfète de région. Fin septembre, des visites de terrain seront organisées, et l’ensemble des acteurs (chasseurs, élus, associations, entreprises, usagers, Office français de la biodiversité, agriculteurs, propriétaires, etc.) sera concerté. «Il convient d’abord de définir ce qu’est la Sologne, » a commenté le représentant de l’État. « La Sologne s’étend sur le Loir-et-Cher, Loiret et Cher, compte 127 communes, n’est pas qu’une forêt, si je me réfère à l’arrêté ministériel de 1941. Trois secteurs ont été identifiés, séparés. Si la Sologne est labellisée, pour que cela ait du sens, il faut que ce soit sur une zone continue. » Si cela est acté, il en découlera des règles spécifiques et des aides financières particulières. En attendant, le préfet a accepté de réagir sur les tribunes Bonneau-Vanier précitées. « Moi, je ne fais pas de politique… Ce que je peux dire pour l’engrillagement, c’est qu’en cas de feux, les clôtures ne sont pas un obstacle en matière d’intervention; les pompiers peuvent passer. Avec ou sans grillages, les fumées toxiques font des victimes animales, comme en Gironde. Quant au droit de propriété, il ne peut être remis en cause; chacun peut délimiter sa parcelle. Par contre, cela peut poser interrogation sur l’éthique de la chasse. Un des moyens serait d’interdire le prélèvement dans des milieux fermés; cela ne poserait pas de difficulté majeure pour moi en droit constitutionnel. »
É.R.