Politique / Élections 2021 : Tous rassembleront, ou tous perdront, face à la menace abstention ?

Du Loir-et-Cher à l’ensemble de la région Centre-Val de Loire… Pléthore de candidats, et autant de manoeuvres ! Les pions sur l’échiquier s’avancent. Panorama résumé des personnalités avancées dans la course élective, jusqu’aux urnes des 20 et 27 juin.
D’après Plutarque, “ une armée de cerfs conduite par un lion est plus redoutable qu’une armée de lions conduite par un cerf”. C’est selon, et peut-être que cette citation pourra inspirer le résultat du prochain scrutin régional ? Car des rugissements de lions et des coups de bois de cerfs, il y en a une tripotée qui s’est manifestée depuis la confirmation du maintien de la fameuse date en juin, après l’annulation de mars. Ce qui est marrant (ou navrant, c’est selon également), c’est que chaque camp affirme être celui qui rassemble. Et de surcroît, dans la foulée, bien entendu, celui qui va gagner ! Ce sont surtout les bulletins de vote qui décideront de la place attribuée à chaque candidat, devant, au milieu, ou derrière. En souhaitant que votes il y ait, puisque ce n’est pas un secret, les élections régionales ne font pas partie des échéances qui font le plus déplacer tous les six ans les foules. Une instance, comme le Département, qui a du mal à intéresser le citoyen lambda, même si les élus martèlent, pour convaincre, à qui mieux mieux, la répercussion au quotidien des mesures décidées et votées dans ces collectivités. Ajoutez-y un peu de coronavirus, d’instabilité, d’insécurité et autres joyeusetés, et l’abstention, qui depuis plusieurs scrutins s’invite allégrement dans l’isoloir, peut vite flamber. De toute façon, si ce n’est pas l’abstentionnisme le premier parti de France, l’attention peut aussi, encore une fois, se déporter vers un vote exprimé mais extrémiste. Sans oublier, s’il est possible de dire, dans le moins “pire” des cas démocratiques, la prime donnée aux sortants, comme lors des municipales de 2020. Penchons ici toutefois non pas dans le prévisible répétitif, mais dans le positif, pour attirer les bonnes ondes. Les candidatures sont dans les starting-blocks et le choix est sur la table, avant de tomber sur les tablettes et dans les boîtes aux lettres. En Centre-Val de Loire, les postulants sont divers et variés; nous nous focaliserons sur les entités à avoir fin avril convoqué notre média (*). D’abord, le président PS, François Bonneau, repart, avec un bilan selon lui “positif et dynamique”; enfin, appelle de ses voeux sa réélection en partant avec, dans ses rangs, les partis communiste et radical de gauche, Cap écologie et LEF (liberté écologie fraternité); s’entourant de fidèles déjà présents (à l’instar des têtes de la liste pour le Loir-et-Cher, le maire de Blois, Marc Gricourt, premier vice-président de la région, et Karine Gloanec-Maurin, présidente de la communauté de communes des Collines du Perche), s’affirmant “pragmatique et ambitieux”, conjuguant priorités de “transition écologique et développement économique”. En face, un candidat de taille, l’écologiste Charles Fournier, pour l’instant vice-président régional, entouré dans sa démarche citoyenne et participative, pour ce challenge électoral de 9 formations politiques (Europe Écologie Les Verts, La France Insoumise, Génération.s et Génération.s écologie, Nouvelle Donne, À Nous la démocratie et Allons Enfants, etc.); accompagné de gens à la fois encartés et issus de la société civile (paysans, artisans, ingénieurs, professeurs, entrepreneurs, ex-journalistes, etc.). “Nous sommes l’original, j’espère qu’il sera choisi et non la copie,” a insisté l’intéressé. Impossible à ce moment-là de ne pas songer à l’autre liste créée dans cette course, s’affichant également citoyenne et écologique, portée régionalement par la libre et écolo Christelle de Crémiers (ex-UDi, ex-Modem), sans soutien des appareils classiques et officiels. Celle qui est actuellement vice-présidente à la région aurait d’abord été engagée dans la liste de Charles Fournier, ou serait le fruit d’une manœuvre de François Bonneau pour affaiblir ce dernier, les explications des uns et des autres ont été diversifiées… Quoiqu’il en soit et advienne, elle “croit vraiment en leur contre-pouvoir”, et part en binôme de croisade avec Jérémy Clément, ancien porte-parole des Gilets jaunes dans le Loiret; le duo a été réuni par le mouvement La France Autrement (La FRA) du blésois Gildas Vieira, tête de liste pour le 41. À droite, c’est le Républicain Nicolas Forissier qui porte sur ses épaules aiguisées “l’alternative du bon sens” (Cf. nos pages Salbris). Enfin, un ministre chargé des relations avec le Parlement s’invite dans l’équation. Marc Fesneau (Modem) aura jusqu’au dernier moment entretenu le suspense, qui n’aura pas toutefois été si grand. Il conduira une liste et sera peut-être le nouveau président du Centre-Val de Loire ? Lui aussi, depuis la commune où il fut maire, Marchenoir, au nord du Loir-et-Cher, s’est confié, seul au milieu d’un champ de verdure et à proximité d’un centre commerçant de proximité beauceronne, persuadé de sa victoire à venir. “J’assume et je n’ai pas à me cacher de ce que je suis. J’ai l’habitude de prendre mon risque. J’y vais dans une volonté de dépassement. Sans manoeuvres de boutiquiers que je dénonce. Je gagnerai dès le premier tour.” Bien, bien. Faites vos jeux…

Panier de crabes au Conseil et scrutin départemental…
Mais attendez, ce n’est pas terminé. Des élections régionales (au scrutin proportionnel), et le même jour, des élections départementales ! Alors, comment se comporteront et voteront les “80% de c**s” ? Le président du Département de Loir-et-Cher, Nicolas Perruchot, visé par des “affaires” (dont un enregistrement donc, gênant) depuis septembre 2020, ne sera pas candidat à sa propre succession, mais demeurera jusqu’au 30 juin le patron du navire pour espérer l’amener à bon quai pour son groupe, l’UPLC (Union Pour le Loir-et-Cher). “Je serai très présent dans cette campagne,” a-t-il assuré. Le panache retrouvé et guerrier du précité se percevait dans la présentation en visio le 26 avril des 14 binômes candidats de droite. Et aussi, à noter, un peu de renouvellement dans les rangs, de la jeunesse également avec notamment sur Blois 1, nichés, Keltoum Benyagoub et Alexis Tireau, aperçus sur la liste de Malik Benakcha (LR) lors des élections municipales 2020. L’animal politique Benakcha, d’ailleurs, pressenti sur un binôme départemental, est bien présent dans le dessein UPLC, mais dans la case remplaçant, et sur le canton Blois 3. Côté Sologne et Vallée du Cher, ce n’est pas la joie pour les non investis par l’UPLC : par exemple, Louis Redon-Colombier (conseiller d’opposition) disparaît du canton de Romorantin (au profit de Pascal Goubert de Cauville, ex-maire de Chaumont-sur-Tharonne); ce qui ne signifie pas pour autant qu’il ne sera pas candidat, à part (cf. pages Romorantin). Ne rempileront pas non plus avec l’UPLC, Jacques Marier, tout comme les “décriées” par la majorité Perruchot, Christina Brown (ex-candidate à la mairie de Selles-sur-Cher) et Isabelle Gasselin (maire de la Ferté-Imbault), du fait de leurs plaintes respectives pour harcèlement sexuel à l’égard d’un élu de cette même majorité. La deuxième Gasselin, que l’intox (re)mariait électivement un temps avec Pascal Bioulac, maire de Lamotte-Beuvron, puis carrément avec un membre de l’opposition salbrisienne (!), aura renoncé, par “choix personnel” selon elle (ou suite aux histoires, gentiment poussée vers la sortie ?), en faveur d’Agnès Thibault, maire de Marcilly-en-Gault. Quant à la première Brown, elle persévère en candidate indépendante (cf. page Val de Cher) qui gênera sans doute, mais c’est le jeu qui n’est pas à sens unique, messieurs… “J’ai tenté de maintenir le dialogue jusqu’au bout,” aura noyé le poisson de son bateau, le capitaine Perruchot. “J’ai bon espoir pour au moins deux d’entre eux, qu’ils choisissent le collectif utile.” Hum… Et enfin, surtout, alors alors, roulement de tambour, qui, mais qui, remplaçant, dans le fauteuil à la présidence, prochainement ? Philippe Sartori avait exprimé sa velléité de briguer, mais finalement, ce serait déjà une idée oubliée (ou bonnement évincée, à en croire une poignée). Les noms de Catherine Lhéritier, Bernard Pillefer ou encore Claire Foucher-Maupetit continuent de circuler, bien que la possibilité semble se focaliser autour d’un trio masculin. Ici, où sont les femmes? Pas de reine en vue a priori, mais un, deux, trois, ce sera bien toi le roi ? Possiblement, un futur président, pour le moment député solognot, aux fortes aspirations d’Élysée sans macronisme? Qui sait… Les chefs de file départementaux UPLC désignés s’affichent en tout cas soudés et au taquet, Nicolas Perruchot lui-même, en collaboration, donc, avec (les députés) Pascal Brindeau et Guillaume Peltier. Ils se déclarent en concorde “fiers de nos valeurs de droite et du centre, un élément commun, le 41”. Quel suspense et panier de crabes. Et le cumul des mandats ? Et que le meilleur gagne ? En tout cas, avec un bulletin glissé dans l’urne, et non un chemin nommé abstention, hein. Alors, aux urnes, citoyens.
Émilie Rencien
(*) Les listes complètes des candidats, pour les régionales et départementales, cités peuvent aisément être retrouvées sur les pages Facebook respectivement dédiées, voici leurs dénominations : “Plus fort, Ensemble avec François Bonneau”; Union pour le Loir-et-Cher 2021; “Un Nouveau Souffle” (avec Charles Fournier); “Ensemble, le meilleur est avenir” (Marc Fesneau); Démocratie EcoLogique et La France Autrement (Christelle de Crémiers, Jérémy Clément, et Gildas Vieira).
Le Rassemblement national (RN) présente évidemment également ses candidats (a priori 15 pour 15 cantons!); page FB Rassemblement National Loir-et-Cher.